BANGKOK CORRESPONDANT
La Birmanie des généraux est parvenue à ses fins en traversant une passe qui s’annonçait délicate : ses neuf partenaires de l’Association des nations du sud-est asiatique (Asean), dont elle est membre depuis dix ans, ont finalement renoncé à toute action coercitive à l’encontre des généraux birmans, à l’occasion du 40e anniversaire de la fondation du groupement, célébré par un sommet à Singapour, du lundi 19 au mercredi 21 novembre.
La Birmanie « fait partie de la famille », a résumé le premier ministre singapourien, Lee Hsien-loong, alors qu’était abandonnée toute idée de suspension du pays de sa qualité de membre à part entière de l’Asean, en rétorsion pour la répression des opposants conduite par la junte en septembre et octobre.
L’Asean s’était dite « révulsée » par la violence des forces birmanes. Mais « aucune famille ne souhaite voir un de ses membres malade, même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec lui », a concédé M. Lee, parlant en tenant de la présidence tournante.
Au tableau de chasse des militaires birmans figurait en particulier une apparition pourtant programmée, devant les Dix, de l’émissaire spécial des Nations unies pour la Birmanie, Ibrahim Gambari, venu spécialement pour le sommet. Le premier ministre birman Thein Sein, un général d’active à cheval sur les règlements, a convaincu que l’émissaire serait sorti de son rôle en s’adressant à une assistance hors des murs de l’ONU. M. Gambari s’est dit « déçu » de ne pas pouvoir rendre compte des conversations qu’il a eues lors de deux séjours à Rangoun ces dernières semaines.
UNION DE TYPE EUROPÉEN
L’Asean a adopté a adopté par ailleurs une charte en gestation depuis plusieurs années. Ce texte, une fois ratifié par les Parlements des Etats membres, rapproche l’association informelle fondée durant la guerre froide sur le mode du consensus, d’une union de type européen, dotée de règles - avant tout d’ordre économique - se voulant contraignantes. Encore faut-il qu’il passe la rampe des débats parlementaires. La plus inquiète à ce sujet est la présidente philippine Gloria Macapagal Arroyo, en raison précisément du flou où se retrouve l’Asean en matière de droits de l’homme.
L’impuissance de l’Asean sur le dossier birman risque d’avoir des répercussions auprès de l’administration américaine. Sa représentante au commerce, Susan Schwab, a répondu à la presse que les rapports du groupe avec Washington « ne peuvent être du business comme d’habitude » après cette défection.