Tous les exilés de Jérusalem en Espagne quittèrent cette contrée maudite le cinquième mois de l’année 5252, c’est-à-dire en 1492, et de là se dispersèrent aux quatre coins de la terre.« Qui mieux que Joseph Ha-Cohen, dans La Vallée des Pleurs (1560), a décrit la tragédie de l’expulsion des juifs d’Espagne ? »Les juifs s’en allèrent où le vent les poussa, en Afrique, en Asie, en Grèce et en Turquie. D’accablantes souffrances et des douleurs aiguës les assaillirent, les marins génois les maltraitèrent. Des créatures infortunées mouraient de désespoir pendant leur route : les musulmans en éventrèrent pour extraire de leurs entrailles l’or qu’elles avaient avalé pour le cacher. Il y en eut qui furent consumées par la peste et par la faim. D’autres furent débarquées nues par le capitaine du vaisseau dans des îles désertes. D’autres encore vendues comme esclaves dans le port de Gènes et les villes soumises à son obéissance."
1492, année du malheur pour les juifs, mais pour l’Espagne des Rois catholiques celle du triomphe de la croix et d’une triple bénédiction : la chute de Grenade le 2 janvier, qui achève la Reconquista sur les Maures ; l’exil d’au moins 120 000 juifs après le décret du 31 mars ; la découverte de l’Amérique par Colomb. L’Espagne s’éblouit, l’Espagne s’enivre. Elle refait son unité et s’ampute de sa « gangrène » juive. Pour avoir purifié son sol, Dieu la récompense par l’or du Nouveau Monde. Le plan de Dieu et l’histoire des hommes coïncident et qu’importe si le prix des métaux précieux d’Amérique est le sang du paysan indien qu’on exploite dans les mines ! Et celui de la pureté de l’Espagne l’expulsion des juifs - avant celle des moriscos (musulmans convertis) à partir de 1609 -, qui, grâce à l’argent récolté par le rabbin Abraham Senior ou Isaac Abravanel, avaient pourtant fait beaucoup pour la Reconquista !
Les caisses royales y perdent, mais le sacrifice intellectuel aussi est considérable. Car s’il y a de pauvres juifs, beaucoup sont ingénieux, actifs, imaginatifs. « Ils sont médecins, courtiers, collecteurs d’impôts, commerçants, intendants de noblesse, joailliers, marchands de soieries », raconte Andres Bernaldez, le chroniqueur d’Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, les Rois catholiques. Si la perte est grande, l’Espagne y gagne au change divin. Elle est le nouveau peuple élu qui supplée le peuple juif à nouveau défaillant. En purifiant le royaume de cette engeance honnie, les Rois catholiques préparent le deuxième avènement du Christ annoncé dans l’Apocalypse. Francisco Enriquez écrira, en 1648, qu’« un royaume sans religion une et pure est une réunion de bandits et d’hommes iniques ».
Tout avait commencé en 1391, un siècle avant le décret d’expulsion, par un bain de sang inondant la Castille, l’Aragon, la Catalogne, Majorque. Les quartiers réservés aux juifs - les aljamas - sont frappés par la contagion meurtrière. Comme si l’Espagne avait voulu signifier pour de bon à ses juifs, enracinés de longue date, que leur présence était devenue indésirable, qu’ils devaient expier pour les épidémies, les famines, les guerres qui ravagent alors l’Europe. Plus de 4 000 personnes périssent à Séville où sévit un moine fanatique, Martinez de Ecija. Prospère, la communauté de Barcelone est anéantie. Les assaillants « pillent, saccagent, massacrent à ravir. Chaque ville fut, ce jour-là, une nouvelle Troie », écrit un contemporain. Seuls ont la vie sauve les juifs qui implorent de recevoir le baptême et des mots nouveaux apparaissent : marrano, judeoconverso.
Plus progresse la Reconquista sur les Maures, plus se déchaîne la haine contre les juifs. Plus la croix triomphe, plus sont écartés les ennemis de Dieu et de l’Espagne. Une ordonnance royale de 1412 contraint déjà les juifs, qui avaient toujours vécu au milieu du peuple castillan, à rester parqués dans des « ghettos » isolés. Elle leur interdit d’exercer toute charge publique, de vendre de la viande ou tout autre comestible, de se couper la barbe et les cheveux. En revanche, ils sont obligés de porter de longs manteaux noirs descendant jusqu’aux pieds. Ces dispositions iniques ne font qu’étendre le soupçon sur les convertis sincères et les baptisés « cryptojuifs » qui continuent de pratiquer clandestinement leurs rites.
Dès le début de leur règne, en 1474, les Rois catholiques entendent extirper le mal. Les juifs de Castille sont confinés dans leurs ghettos, bannis des évêchés de Séville et de Cordoue, de ceux de Saragosse, d’Albarracin, de Teruel. Puis l’Inquisition entre en scène. Pour elle, les mesures de ségrégation et d’expulsion régionales sont sans effet. Elle propose donc aux souverains comme seule médecine le bannissement généralisé. Les juifs castillans tentent bien de retarder l’échéance, se disent prêts à payer le prix fort, mais Torquemada, l’inquisiteur général, brandit devant la Cour réunie, le 20 mars, un crucifix et rappelle la trahison de Judas. Le décret royal du 31 mars 1492 est donc signé : il donne trente jours à tous les juifs d’Espagne pour quitter la terre de leurs ancêtres. Trente jours pour tenter de vendre leurs biens, faire leurs adieux et vider les lieux.
Que leur reproche-t-on ? Rien de moins que de contaminer la société espagnole. « Les juifs essaient de soustraire les fidèles chrétiens à notre sainte foi, de les en détourner, de les dévoyer, de les attirer à leurs croyances et opinions damnées, écrit le décret d’expulsion. Ils les instruisent des cérémonies et observances de leur loi, veillent à leur circoncision, eux et leurs fils, les informent des jeûnes à respecter, leur notifient l’arrivée des Pâques, leur donnent et apportent de chez eux le pain azyme et les viandes abattues rituellement, les avertissent des nourritures dont ils doivent s’abstenir et des autres interdictions et les persuadent autant qu’ils le peuvent d’observer et pratiquer la loi de Moïse, leur font comprendre qu’il n’y a d’autre loi ni d’autre vérité que celle-là. »
C’est le catalogue des pratiques juives « avouées » sous la torture infligée par les tribunaux de l’Inquisition, qui exercent de manière souveraine en Espagne depuis une bulle du pape Sixte IV en 1478. Le dominicain Tomas de Torquemada a été nommé par le roi Ferdinand comme inquisiteur d’Aragon, de Valence, de Catalogne. Il lui faudra dix ans pour constituer une Inquisition d’Etat. Les accusés et condamnés se comptent par centaines, tous ou presque des judeo-conversos, nouveau masque de l’hérésie.
L’obsession de la contamination anéantit par le feu, par l’exil, par la ruine, des familles entières parmi les mieux intégrées. L’argument inquisitorial est imparable : la présence de juifs sur le sol espagnol témoigne de la grandeur d’âme des souverains.
Qu’ils profitent de ce privilège pour entamer l’intégrité de la société chrétienne est un crime d’ingratitude qui mérite les châtiments les plus sévères. Seule une opération chirurgicale, coupant tout lien entre les juifs et les « nouveaux chrétiens », convertis sincères, est capable d’enrayer la propagation d’une tumeur maligne, l’hérésie judaïsante.
Au lieu d’extirper la tumeur, l’expulsion de 1492 et les « auto da fe » - ces cérémonies à grand spectacle destinées à exhiber les hérétiques, entendre leurs aveux et leurs condamnations - vont l’aggraver dans des proportions inimaginables. Après 1492, l’Espagne ne compte officiellement plus un seul juif. Parmi les condamnés à l’exil, seuls 80 000 n’ont pu partir en raison de la maladie, de l’impécuniosité ou par crainte d’un exode à hauts risques et ils se sont fait baptiser. Mais une vague d’antisémitisme sans juifs va gagner l’Espagne, incapable de chasser ses fantômes.
Paradoxe inouï : plus l’Espagne parque, chasse, envoie au bûcher ses juifs, plus elle est rongée par l’obsession de savoir qui sont les vrais ou les faux juifs, les vrais ou les faux convertis. Derrière chaque visage, à l’église ou dans la rue, le doute s’insinue : celui-ci qui se dit chrétien l’est-il vraiment ? N’est-il pas un « cryptojuif » qui, en secret, fait shabbat le samedi, prépare sa cuisine selon les règles de la kashrout, célèbre les fêtes juives, procède à la toilette funéraire selon le rituel juif ? Un traumatisme naît qui va gangrener pendant trois siècles la société espagnole.
Comment l’expliquer ? Partout en Europe, les juifs sont la lie de la société. Ils sont spoliés, marginalisés, expulsés. L’Espagne est même le dernier pays à avoir chassé ses juifs. La France l’avait fait dès 1306, l’Angleterre plus tôt encore. Mais l’Espagne se distingue par un antisémitisme racial, promis au plus bel avenir, en raison de la forte implantation de ses conversos, ces convertis de force bien avant ou après les massacres de 1391 et l’expulsion de 1492. Grâce au baptême, ces juifs convertis ont pu accéder aux emplois de Cour, aux postes honorifiques, aux charges ecclésiastiques qui leur étaient autrefois interdits. En entrant dans les universités et les ordres religieux où, comme juifs, ils n’avaient pas droit de cité, ils ont pénétré des couches entières de la société - médecine, armée, magistrature, clergé - et, à la faveur de beaux mariages, dans la noblesse d’Aragon et de Castille.
L’Espagne catholique s’est longtemps flattée de ces conversions, avant de mesurer qu’elle avait ouvert la boîte de Pandore. On voulait les convertir, maintenant ils sont partout ! Et ils investissent, avec ingéniosité, les secteurs les plus dynamiques de la société. Alors, le venin du soupçon fait son œuvre : ce sont de faux chrétiens, des chrétiens masqués. Ils menacent la foi catholique de l’Espagne, sa cohésion sociale et religieuse à peine restaurée. Chaque sujet du royaume étant officiellement catholique, comment va- t-on les distinguer ? On invente un critère imparable : celui du sang.
Dès le début du XVe siècle, un collège de l’université de Salamanque avait introduit une règle interdisant à ceux qui ne viennent pas d’un sang pur (ex puro sanguine) d’entrer dans ses rangs. En 1440, à la suite d’émeutes anti-conversos, Tolède est la première ville à adopter le statut de limpieza de sangre - la pureté de sang - que les efforts inlassables de l’Inquisition et le futur cardinal Juan Marinez Siliceo, le plus grand antisémite espagnol du XVIe, vont convaincre le roi Philippe II, en 1543, d’étendre à toute l’Espagne.
La papauté hésite, car le statut de pureté de sang est une monstruosité théologique : l’eau du baptême n’est-elle pas purificatrice ? Mais l’Inquisition, le bas clergé, le petit peuple vont le lui imposer. L’idée que tout juif, même converti, a du sang impur dans ses veines parce qu’il a contribué à la crucifixion de Jésus-Christ est très populaire. De même que le stéréotype selon lequel les juifs ont infiltré, jusqu’à la Cour, les meilleures familles et la noblesse. Parmi les convertis, l’Espagne compte de grands mystiques comme Thérèse d’Avila ou Louis de Grenade. Et des inquisiteurs célèbres, comme Torquemada lui-même, « dont les grands parents appartinrent au lignage des juifs convertis » (selon l’historien Fernando del Pulgar). Mais le petit peuple, lui, pour son ascension sociale, peut se prévaloir d’avoir du sang pur. S’il ne pouvait rêver d’aucun honneur - honor -, lui avait au moins l’honneur - honra - de ne pas avoir de sang juif. « Le statut de pureté, c’est le marchepied de l’honneur du peuple », conclut Henry Méchoulan.
L’Espagne entre alors dans une ère de racisme social et religieux, l’un attisant l’autre. Pour pouvoir entrer à l’université ou dans les ordres religieux, il faut une attestation délivrée à la suite d’enquêtes généalogiques fouillées remontant au plus haut dans le lignage, validant ou non un soupçon d’infection - alors que les lois nazies de Nuremberg se limitaient à la quatrième génération.
La porte s’ouvre ainsi à toutes les campagnes de délation. Une simple rumeur suffit à « souiller » une famille et à l’envoyer dans les cachots de l’Inquisition. Des « vieux catholiques » n’osent plus réclamer un certificat de peur de se voir découvrir une origine juive. Le statut de limpieza de sangre paralyse toute mobilité sociale. Mieux vaut ne pas bouger plutôt que de se faire accuser. Si on réussit, c’est qu’on a du sang juif ! Ce gel des relations sociales va scléroser l’Espagne.
La pureté du sang devient un sujet de terreur pour le converti qui vit sincèrement son catholicisme, autant que pour le catholique de façade resté fidèle à la loi de Moïse. Ils sont soumis au même régime du soupçon, à la même menace de l’Inquisition. Tout converti est un juif, et donc un ennemi potentiel de la foi catholique. C’est le début d’une névrose : la contamination juive et hérétique se fait par le sang, par le lait et par la semence. Les nourrices de la Cour sont soumises à des examens de sang, car l’enfant suce les moeurs de sa nourrice avec son lait ! Présupposé qui tourne à l’obsession biologique. Des traités entiers sont rédigés pour prouver que les juifs souffrent toujours d’hémorroïdes ou que, depuis la crucifixion du Christ, ils dégagent une odeur si pestilentielle que pour s’en débarrasser, ils doivent boire le sang pur d’enfants chrétiens tués, le jour de Pâques, lors de meurtres rituels.
Avec le statut de « pureté du sang », le monde découvre le racisme religieux qu’on retrouvera plus tard dans le protocole des Sages de Sion et l’antisémitisme racial des nazis. Cette obsession va imprégner toutes les mentalités en Espagne jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Au début du suivant, on trouvera encore des articles de loi se référant aux juifs, alors qu’il n’y en a plus un seul. Les juifs espagnols de l’exil sont à Amsterdam ou Istanbul, où ils font partie de l’élite des médecins, des penseurs, des poètes et des marchands. Mais résonnera longtemps la douleur de Joseph Ha-Cohen dans La Vallée des Pleurs : « Mon Dieu, nous ne t’avons pas oublié, ni trahi ton alliance. Mais à présent, hâte-toi de nous secourir, car c’est pour toi qu’on nous égorge tous les jours et qu’on nous considère comme des brebis destinées à la boucherie. Accours à notre aide, Dieu de notre salut, soutiens notre cause et sauve-nous pour l’amour de ton nom ! »
Henri Tincq
Article paru dans l’édition du 03.08.07.
HENRY MÉCHOULAN, DIRECTEUR DE RECHERCHE HONORAIRE AU CNRS
« La pureté de la race chez les nazis, c’est la même obsession que le sang pur espagnol ! »
Que sont devenus les juifs d’Espagne après l’expulsion de 1492 ?
Beaucoup ont fui d’abord au Portugal, où ils avaient cru en la parole du roi Jean II qui, moyennant finances, leur avait promis un répit de huit mois avant de leur trouver des embarcations pour d’autres destinations. Ils ont été accueillis dans des conditions épouvantables, vendus comme esclaves, massacrés, convertis de force après avoir été baptisés à l’aide de balais trempés dans l’eau bénite ! Des enfants, arrachés à leurs parents, ont été confiés à des familles chrétiennes.
Ainsi baptisés, ils « judaïsaient » secrètement et devenaient justiciables de l’Inquisition, qui est créée plus tardivement au Portugal (1536) qu’en Espagne. Quand le Portugal est annexé par l’Espagne en 1580, l’Inquisition espagnole traque les judaïsants portugais. Néanmoins des conversos, « juifs du secret », réussissent à transmettre la religion au péril de leur vie.
Et ceux qui ont choisi l’Empire ottoman et l’Europe du Nord ?
Des juifs étaient établis dans l’Empire ottoman avant qu’arrivent ceux d’Espagne. Un des rabbins le plus célèbres du pays a plaidé en leur faveur auprès du sultan et ils se sont installés dans les principales villes de l’empire : Istanbul, Andrinople, Smyrne, Salonique en Grèce, Safed en Palestine. Ils s’y sont regroupés selon leur communauté d’origine ibérique, ont gardé leur langue et leurs coutumes. Le sultan les a bien traités et a même recruté parmi eux des conseillers. La lecture ottomane du Coran leur a permis de vivre plus heureux que dans d’autres pays musulmans.
En revanche, la communauté d’Europe du Nord est une création. Il n’y a pas de juifs à Amsterdam en 1492. Quelques familles de « cryptojuifs » arrivent un siècle plus tard. Une première communauté croît difficilement. Ces nouveaux juifs sont tolérés car ils ont été persécutés par l’Inquisition, tout comme les fondateurs de la République des Provinces-Unies, acquises à la Réforme, toujours en guerre avec l’Espagne catholique.
En 1616, le bourgmestre d’Amsterdam leur accorde un statut assorti de conditions. On leur interdit, entre autres, tout prosélytisme, des rapports avec les chrétiennes et le commerce de détail. On leur ordonne de pratiquer un judaïsme orthodoxe pour ne pas ajouter à l’éclatement sectaire religieux de la nouvelle République. Cette communauté, qui n’a jamais compté plus de 2 000 personnes, va prospérer et devenir la vitrine du judaïsme mondial au XVIIe siècle. Elle compte de grandes personnalités. Rembrandt habite leur quartier. Il grave et peint ses habitants. Ils se rejoignent dans l’universalité, Rembrandt illustre même de quatre gravures l’ouvrage d’un de ses amis rabbin, Menasseh Ben Israël.
L’une des causes de l’affaiblissement de l’Espagne n’est-elle pas son statut de pureté de sang ?
Oui. La gestion financière de la Couronne était assurée par les juifs. Lorsqu’ils ont été expulsés, ce sont des étrangers, et en particulier des Génois qui ont pris le relais et ruiné l’Espagne. Et les statuts de pureté de sang ont bloqué tout esprit d’entreprise. Cette société attendait tout de l’amour de Dieu qui se manifeste par l’arrivée des galions chargés des richesses des Amériques. Les membres des élites juives converties ne veulent plus se manifester de peur de se faire repérer comme « cryptojuifs ». En effet, tout effort, tout travail fleure le désir de la réussite, marque d’appartenance au judaïsme. L’homme industrieux ne peut être qu’un converso, c’est-à-dire un « cryptojuif ».
Faites-vous un lien entre le statut de pureté de sang et l’antisémitisme des nazis ?
C’est un antisémitisme racial dans les deux cas, même si les circonstances géopolitiques et historiques sont évidemment différentes. Le juif est le même bouc émissaire. C’est la même obsession du sang chez les Espagnols que la pureté de la race chez les nazis. Le sang pur germain, c’est le sang pur espagnol ! Mais bien sûr, les nazis n’ont pas lu la littérature consacrée aux statuts de limpieza de sangre. L’antisémitisme nazi s’inspire plutôt d’un large courant de la philosophie allemande qui remonte à Luther, et passe par Kant, Hegel, Fichte et les pangermanistes.
A LIRE
Les Juifs du silence au Siècle d’or espagnol, Henry Méchoulan, Albin Michel 2003.
Amsterdam au temps de Spinoza. Argent et liberté, Henry Méchoulan, PUF. 1990.
Les Juifs d’Espagne, histoire d’une diaspora (1492-1992), dirigée par Henry Méchoulan, Liana Levi 1998.
La Pierre glorieuse de Nabuchodonosor ou la fin de l’histoire au XVIIe siècle, Menasseh ben Israel, introduit par Henry Méchoulan, Vrin 2007.
L’Expulsion des Juifs d’Espagne, Béatrice Leroy, Berg International 1990.