PARIS, 24 jan 2008 (AFP) - Les fonctionnaires, et en particulier des enseignants, ont été un peu moins nombreux jeudi qu’au mois de novembre à faire grève et à manifester pour les salaires et l’emploi à l’appel de la quasi-totalité de leurs syndicats, tout en maintenant la pression. Le ministère du Budget et de la Fonction publique a annoncé un taux de grévistes de 24,8% en fin de journée dans la fonction publique d’Etat (qui représente la moitié des 5 millions de fonctionnaires), contre un peu moins de 30% il y a deux mois, sur les mêmes mots d’ordre. Par ailleurs, 9% des agents des collectivités territoriales ont fait grève. Dans les hôpitaux publics, 10,2% ont cessé le travail, sans compter les soignants se déclarant partie prenante de la mobilisation mais tenus de travailler. Des manifestations ont drainé 217.000 à 400.000 personnes (selon les chiffres respectifs de la police et de la CGT), là aussi moins que le 20 novembre. Dans l’Education, un secteur qui supporte la moitié des 22.900 suppressions de postes prévues en 2008, la grève était suivie par 34% des personnels (39% le 20 novembre) selon le ministère. La FSU, principale fédération d’enseignants, a recensé 55% de grévistes dans les collèges et lycées (58% en novembre) et son secrétaire général, Gérard Aschieri, a estimé que la mobilisation était « un succès ». Pour l’ensemble des fonctionnaires d’Etat, la CGT a compté 40% de grévistes (contre 45%).
Cette journée devait aussi servir de test à l’organisation d’un service minimum d’accueil dans les écoles primaires, malgré l’hostilité syndicale. Selon l’Elysée, 2.023 communes représentant 9 millions d’habitants l’ont appliqué, ce dont Nicolas Sarkozy s’est « réjoui ».
A Lyon, Marseille, Grenoble, Caen, Le Havre, Le Mans, Nantes, Nice, Lille, banderoles et pancartes interpellaient un président « bling-bling » : « Sarko arrête ton show, donne-nous des euros ! ». Quelques salariés du privé - General Motors et Bugatti à Strasbourg ou Airbus à Saint-Nazaire - se sont parfois mêlés aux cortèges, à l’appel de FO, la CFTC et Solidaires. A Paris, entre 17.000 (police) et 35.000 personnes (syndicats) ont défilé entre Bastille et Saint-Augustin, en présence des leaders de la CGT, Bernard Thibault, de FO, Jean-Claude Mailly et de la CFDT, François Chérèque.
Le ministre de la Fonction publique Eric Woerth, qui a jugé le mouvement « totalement inutile », a annoncé vouloir proposer le 18 février aux syndicats une augmentation du point d’indice - base de calcul aux traitements - pour 2008. Il a toutefois réaffirmé sa volonté de mettre en place un mécanisme de garantie individuelle du pouvoir d’achat, rejeté par les fédérations syndicales. « Notre demande, c’est que la négociation s’ouvre avant le 18 février, une date bien trop lointaine », lui a rétorqué Jean-Marc Canon, de la CGT-Fonction publique, l’une des sept fédérations à l’origine du mouvement (avec la CFDT, FSU, FO, Unsa, Solidaires, CFTC) qui prévoient de se retrouver vendredi matin pour faire le point. « Il y a un vrai malaise dans la Fonction publique, les fonctionnaires ne savent plus où ils habitent », a souligné pour sa part M. Mailly tandis que pour François Chérèque, « il est également temps que l’on parle des professeurs, de leur carrière, de leur avenir. Il n’est pas normal qu’après cinq ans d’études, un prof soit moins bien traité qu’un ingénieur du privé ». M. Thibault a promis quant à lui « d’autres rendez-vous pour les salariés du privé » sur le pouvoir d’achat.
PARIS, 24 jan 2008 (AFP) - La grève jeudi a été suivie par 24,78% des fonctionnaires d’Etat, contre 29,9% lors du précédent mouvement du 20 novembre, selon des estimations établies à 17H30 et rendues publiques par le ministère de la Fonction publique. L’écart avec le 20 novembre est moins important que celui qui apparaissait dans les chiffres enregistrés à la mi-journée et annoncés par le ministre du Budget et de la Fonction publique Eric Woerth sur RTL : 20,6% contre 32,6%, aussi à la mi-journée, il y a deux mois. Dans l’ensemble des trois fonctions publiques (Etat, collectivités locales, hôpitaux), qui emploient au total quelque 5 millions de fonctionnaires, le taux global de participation à la grève de jeudi est de 17,1%, après 21% le 20 novembre, a indiqué le ministère dans un communiqué. Dans la Fonction publique territoriale, (collectivités locales) le taux de participation est de 9%, comparé à 12 à 15% le 20 novembre. Dans la Fonction publique hospitalière, il s’élève à 10,19%, après 10,88%. Dans les hôpitaux, des soignants salariés se déclarant partie prenante de la mobilisation, mais tenus de travailler, ne sont pas comptés comme grévistes. Dans les administrations de l’Etat (ministères, administrations..), le taux de participation est de 24,78% (14,75% hors Education nationale), contre 29,9% le 20 novembre (20,3% hors Education nationale), a précisé le ministère. La grève a été suivie à 34,01% dans l’Education nationale (39,14% le 20 novembre), à 15,73% au ministère de l’Ecologie, du développement et de l’aménagement durables (contre 17,4%), à 20,88% au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi (contre 20,19%), à 35,06% au ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique (contre 49,26%), a-t-il détaillé.
Manifs du 24 janvier...
PARIS, 24 jan 2008 (AFP) - Entre 217.500 personnes selon la police et 400.000, selon la CGT, principalement des fonctionnaires dont souvent une majorité d’enseignants, ont manifesté jeudi pour dénoncer l’érosion de leur pouvoir d’achat et la suppression d’effectifs. Voici à titre d’exemples les principaux défilés d’au moins 1.500 personnes recensés par l’AFP, avec les chiffres respectifs des syndicats et de la police.
Premier chiffre : police ; second : syndicats ; troisème : rappel 20 nov. police/syndicats. Paris 17.000 35.000 30.000/70.000 Marseille 5.400 plus de 15.000 12.000/60.000 Rennes 5.000 10.000 9.500/25.000 Rouen 4.000 10.000 7.500/18.000 Toulouse 6.500 15.000 17.000/30.000 Bordeaux 6.500 15.000 14.500/25.000 Lyon 7.000 10.000 12.000/15.000 Lille 4.000 4.000 10.400/19.000 Nantes au moins 6.000 10.000 15.000/30.000 Caen 4.400 au moins 7.000 non communiqué Le Mans 3.800 au moins 5.000 non communiqué/7.000 Brest 3.500 5.000 3.500/5.000 Le Havre 2.500 5.000 non communiqué Tours 3.000 4.000 non communiqué Vannes 2.500 4.000 2.000/2.500 Saint-Nazaire 2.200 4.000 3.000/5.000 Orléans 2.100 5.000 3.000/8.500 Nice 3.200 8.000 5.000/5.000 Strasbourg 1.900 3.000 2.800/4.000 Metz 1.500 3.000 3.000/7/000 Nancy 1.300 1.500 3.500/5.000 Roanne 2.500 3.000 non communiqué Clermont-Ferrand 3.000 12.000 7.500/16.000 Perpignan 2.500 3.000 4.000/10.000 Tarbes 2.100 4.500 6.000/7.000 Pau 4.000 4.000 4.500/10.000 Albi 1.800 2.500 2.800/5.000 Grenoble plus de 3.000 6.000 7.500/15.000 Dijon 2.000 3.000 3.500/non communiqué Besançon non communiqué 2.000 2.850/3.000 Saint-Etienne 3.000 6.000 4.000/10.000 Chambéry non communiqué 2.000 2.600/4.000 Montpellier 4.500 6.000 6.700/12.000 Nîmes 2.000 5.000 3.500/9.000
Fonction publique : Besancenot et Laguiller à la manifestation jeudi (AFP)
PARIS, 23 jan 2008 (AFP) - La Ligue communiste révolutionnaire et Lutte ouvrière ont apporté mercredi leur soutien à la journée d’action jeudi des fonctionnaires et annoncé que leurs porte-parole Olivier Besancenot et Arlette Laguiller y participeront. « Les fonctionnaires voient leur pouvoir d’achat plonger » mais, « avec obstination, André Santini », secrétaire d’Etat à la Fonction publique, « refuse d’augmenter le point d’indice et privilégie des augmentations à la tête du client », affirme la LCR dans un communiqué. « Face à un tel blocage, l’urgence est de construire une mobilisation sur la durée pour faire céder le tandem Sarkozy-Fillon », affirme la LCR qui souligne qu’Olivier Besancenot participera à la manifestation à Paris. De son côté, Lutte ouvrière appelle dans un communiqué « tous ses militants et sympathisants à se joindre à cette manifestation à laquelle sera présente Arlette Laguiller ».