Au cours de sa récente visite en Algérie, Nicolas Sarkozy n’a pas tenté de modifier ou d’atténuer la position de soutien aux thèses marocaines qu’il avait exprimée au Maroc en octobre. Que ce soit au cours de ses rencontres avec les dirigeants marocains ou dans ses discours devant les parlementaires, il avait apporté son soutien sans réserve au projet d’autonomie du Maroc en souhaitant qu’il soit « une base de négociation pour la recherche d’un règlement raisonnable ». « La France sera à vos côtés », avait-il insisté devant le Parlement dont le président Mustapha Mansouri s’était félicité : « Nous avons enregistré cette position ferme en matière d’encouragement de l’initiative marocaine d’autonomie ». Renvoyant à leurs fausses analyses ceux qui voulaient croire à une « rupture » ou, pour le moins, à un « rééquilibrage » de la position française sur le Sahara occidental plus proche de la légalité internationale, il avait mis ses pas dans ceux de son prédécesseur Jacques Chirac qui a toujours soutenu la souveraineté marocaine sur cette région.
Ce plan d’autonomie, que la France voudrait mettre au cœur des prochaines négociations entre le Maroc et le Front Polisario (dont le quatrième round va reprendre en mars 2008 à New-York), bafoue le droit international. En effet, aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental conformément l’arrêt de la Cour internationale de Justice de la Haye d’octobre 1975 et toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sont fondées sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Un droit inaliénable et incontournable !
Soucieux de défendre les intérêts commerciaux et financiers des firmes installées au Maroc ou exportatrices, Nicolas Sarkozy a essayé de faire avaliser son projet d’Union méditerranéenne et signé des contrats. Il s’est bien gardé d’aborder la question des droits de l’homme avec les autorités marocaines en refusant de relayer la lettre que lui ont adressée dix associations françaises (LDH, Mouvement de la Paix, Syndicat de la magistrature, ACAT, SURVIE, AFASPA, CORELSO...) pour l’alerter sur les graves violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés en lui rappelant qu’il s’était engagé comme candidat le 28 février 2007 à « promouvoir les libertés et les droits de l’homme sur la scène internationale ». Son ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a repris le même discours dans « La Croix » du 10 décembre : « Les droits de l’homme ne vivent que par ceux qui les défendent (....). Je souhaite que la France partage le combat quotidien des centaines de milliers de militants qui œuvrent pour un monde plus juste et plus digne ». Les militants sahraouis qui ne demandent que l’application du droit international n’ont pas droit à tant d’égards ! Ils sont ignorés ou caricaturés, voire niés en tant que peuple. C’est ce même Bernard Kouchner qui prétendait en 1993 que la question sahraouie était une création de l’Algérie et en 1995 que le peuple sahraoui n’existait pas ! Dans l’interview à « La Croix », il ose déclarer : « Dans le monde entier, nos ambassades doivent constituer autant de petites enclaves de la patrie des droits de l’homme ». Ce n’est pas le cas au Maroc où l’ambassade de France n’a jamais essayé de se rendre compte de la situation au Sahara occidental ou de rencontrer des défenseurs sahraouis des droits de l’homme, victimes de la répression, contrairement aux ambassades d’autres pays comme les Etats-Unis. L’Ambassade n’a pas non plus pris connaissance du rapport de la délégation du Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme qui, après avoir enquêté en mai 2006, a estimé que les violations des droits de l’homme découlaient de la non application du droit d’autodétermination du peuple sahraoui. Les services consulaires français ont même refusé un visa à une militante sahraouie qui était invitée le 24 novembre à un colloque à l’Université de Nanterre.
Dans cette situation, il est nécessaire de maintenir la pression sur le gouvernement français pour qu’il respecte ses engagements en matière des droits de l’homme et mette en œuvre une politique étrangère respectueuse du droit international. Ce serait le meilleur moyen de contribuer à créer un climat favorable aux négociations entre le Maroc et le Front Polisario sous l’égide des Nations unies pour qu’elles conduisent à une solution politique juste et durable qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui.