« Ceux qui sont vraiment socialistes à Paris, c’est nous ! » Lundi 3 mars, au Théâtre Déjazet, dans le 3e arrondissement de la capitale, Denis Baupin, tête de liste des Verts à Paris, a tenté de motiver ses troupes pour la dernière ligne droite de la campagne.
Et certains en ont bien besoin. Pour ce dernier meeting avant le premier tour, les militants sont un peu amers en partageant les chiffres du dernier sondage, une étude Ipsos pour 20 minutes, qu’ils viennent de recevoir. Elle place les Verts à 5 %, loin derrière le MoDem, à 11 %. Malgré ces chiffres, Denis Baupin insiste : « Pas une seule fois je n’ai regretté d’avoir une liste autonome à Paris. » « On a pris un risque, c’est vrai », concède-t-il, en s’adressant à « ceux qui hésitent » : « Tout le monde sait qui sera maire demain, la question est de savoir quelle sera son équipe. »
Et c’est précisement ce qui agite les Verts parisiens. La tête de liste écologiste a redit son « amour exclusif » pour Bertrand Delanoë. « Nous ne sommes pas sectaires, mais le MoDem, c’est un conglomérat de gens qui disent tout et son contraire », a-t-il lancé, se prononçant une nouvelle fois pour une alliance avec les listes du maire sortant socialiste entre les deux tours.
Un avis largement partagé par Yves Contassot, candidat Verts dans le 13e, pour qui le programme du MoDem est « poujadiste ».
« L’UTOPIE VERTE N’A PAS LA MAJORITÉ ABSOLUE ! »
Mais les Verts ne font jamais comme les autres. Quelques minutes avant que Denis Baupin ne raille les propositions de Marielle de Sarnez et Corinne Lepage, candidate centriste dans le 12e, Daniel Cohn-Bendit était monté à la tribune. Et le député européen n’a pas caché sa sympathie pour une alliance avec le MoDem. « Ne bloquez pas l’espace politique par un faux jusqu’au-boutisme », a-t-il lancé à ses camarades, avant d’expliquer : « L’utopie verte n’a pas la majorité absolue ! »
Sur un air professoral, l’ex-leader de Mai-68 a adressé aux écologistes parisiens un message de réalisme politique : « Ce n’est pas nous qui allons décider de la présence du MoDem ou pas au second tour, c’est Bertrand Delanoë. » « Alors mettons la balle dans le camp du MoDem, pour travailler avec la partie progressistes de ce parti ! »
Des propos qui provoquent des remous dans la salle. Mais pour Marie-Anne Robert-Kerbrat, candidate dans le 17e arrondissement et militante écologiste depuis dix ans, « Dany » n’a pas tort.
Tandis que pour Chloé Touranchet, candidate dans le 10e, la ligne de Denis Baupin est la bonne, car seuls les Verts peuvent imposer des choix écologistes à une majorité municipale.
Cela dit, elle concède, comme d’autres militants, qu’au soir du premier tour, une fois le rapport de forces connu, la donne ne sera plus la même. « A 5 %, voire moins dans certains arrondissements, on n’aura peut-être pas le choix de nos alliances », confie ainsi un chaud partisan de « Dany ».