Si le PS et l’UMP se sont taillés la part du lion lors des municipales, avec un Modem en bonne forme, les « petites » formations ont connu des sorts divers.
Le PCF résiste
Cela devient une tendance lourde au Parti communiste. Marginalisé lors des consultations nationales, il résiste lors des scrutins locaux. Marie-George Buffet, hier, a assuré que « près de 800 communes auront dimanche un maire communiste ». Ce qui ferait du PCF le troisième parti en nombre d’élus.
Dimanche, il a reconquis Dieppe, perdu en 2001, et Vierzon. Il vise une ville de plus de 100 000 habitants qu’il a déjà gérée : Nîmes. Et aussi Corbeil (face à Serge Dassault), Sète, Villeneuve-Saint-Georges et Villepinte. Il conserve Arles (gagné en 2001) ainsi que Nanterre et Bobigny.
C’est dans l’ancienne « ceinture rouge » que le PCF fait pièce aux tentatives socialistes, notamment en Seine-Saint-Denis. Ainsi, Tremblay et Sevran ont reconduit leur maire communiste. Dans les primaires « imposées » par le PS, le PCF s’en sort bien, comme à Aubervilliers, Bagnolet, La Courneuve et Saint-Denis. A Pierrefitte, le socialiste devance largement le communiste. « Il ne faut pas qu’il y ait des triangulaires », a tonné hier la numéro un du PCF. L’offensive du PS sur la Seine-Saint-Denis pourrait néanmoins se concrétiser par le gain du conseil général, l’un des deux - avec le Val-de-Marne - que le PCF dirige en métropole.
La LCR en bonne forme
Bon cru pour la LCR. « L’exaspération » vis-à-vis « des politiques nationales » a « profité à la gauche et à la gauche de la gauche », notait dimanche Olivier Besancenot. Qui voit le déploiement de son nouveau parti anticapitaliste en partie validé par les électeurs avec les bons scores des listes « 100 % à gauche ». Sur les 200 listes conduites par un candidat LCR, 103 dépassent les 5 % et 28 les 10 %, notamment dans les villes moyennes : de Clermont-Ferrand (13,3 %) à Quimperlé (15 %) Bar-le-Duc ou Blois (10 %). « On a récolté au premier tour 69 conseillers municipaux, plus du double qu’en 2001 » , se félicitait hier Pierre-François Gron, le porte-parole de la LCR. Et dans certaines grosses communes comme Marseille, Montpellier ou Toulouse, ces listes dépassent les 5 %. La LCR propose donc des « fusions techniques » sur la base d’une indépendance et sans solidarité de gestion. « On est fusionnable, mais beaucoup n’ont pas envie de s’embarquer avec deux ou trois emmerdeurs de la Ligue dans leur conseil municipal », explique Gron. Des discussions pourraient aboutir à Toulouse, Lyon, Pau, Blois et Brest mais aussi avec les Verts à Montpellier.
Les Verts, stratégie payante
Les Verts retrouvent des couleurs. Noël Mamère a été réélu dès dimanche à Bègles avec 56,6 % des voix. Dominique Voynet enquiquine Jean-Pierre Brard (apparenté PCF) à Montreuil. « On devrait avoir au final 25 à 30 % d’élus municipaux supplémentaires », se félicite Jean-Vincent Placé, vice-président de la région d’Ile-de-France. La double stratégie (alliance avec le PS et listes autonomes) s’est avérée payante pour sauver les 2 000 élus des dernières municipales. « Comme les socialistes ne nous ont pas matraqués, ils nous ont ouvert leurs listes. La poussée à gauche nous a profité », explique Placé. Quant aux listes autonomes, elles enregistrent des scores significatifs partout où les combats et le bilan des Verts leur ont été crédités : c’est le cas à Grenoble où leur liste totalise 15,5 %, ou à Morlaix (26,5 %) et Quimper (16,8 %). A Montpellier et Lille, ils se tassent un peu, avec 11 % des voix. Idem pour Michèle Rivasi, qui cartonne à Valence avec 20 % des voix. Seule contre-performance : Denis Baupin à Paris, avec 6,78 %, fait moitié moins qu’en 2001. Selon l’accord bouclé hier, avec le maire (PS) de Paris, Jacques Boutault devrait rester maire du IIe et les écologistes disposer de 9 conseillers de Paris contre 23 en 2001.
Le FN laminé
Financièrement exsangue, en proie à une crise militante sans précédent, le FN sort un peu plus laminé de ce scrutin. Son unique objectif, la conquête de Hénin-Baumont est en passe de lui échapper : avec 28,50 %, la liste FN, où Marine Le Pen est en deuxième position, est largement devancée par celle du maire divers gauche sortant (43,10 %). Partout, ses positions se racornissent. A Noyon, où en 2001 le parti d’extrême droite caracolait en tête avec 30,2 %, il n’arrive qu’en troisième position (17 %). Surtout, il n’est souvent plus en mesure de se maintenir au second tour. A Dreux, l’une des pistes d’envol du FN au début des années 80, la liste de Laurent Leclercq se prend également le mur, avec 4,30 %.