LILLE CORRESPONDANT,
La mise en scène était soignée pour les deux conférences de presse de la tête de liste socialiste à Lille, Martine Aubry, mardi 10 mars. Le rideau s’est levé en deux temps. Premier acte à midi, avec les Verts. Deuxième acte à 17 h 30, avec le MoDem. Symboliquement, avant et après le dépôt de la liste à 17 heures, ligne de démarcation.
Socialistes et Verts ont cohabité durant sept ans dans la majorité municipale. Entre les deux scrutins, les écologistes ont reculé de 15,52 % à 11,58 %, tandis que Martine Aubry grimpait de 34,53 % à 46,02 %. Les Verts ont pourtant négocié le statu quo : douze places sur la liste fusionnée, dont dix éligibles, quatre adjoints à Lille et six conseillers communautaires. En échange, l’arrivée de Jacques Richir (MoDem), jusqu’alors dans l’opposition de droite, a été acceptée par Eric Quiquet, tête de liste des Verts. Celui-ci refusait, dimanche 9 mars au soir, cet accord.
Mais lundi vers minuit, un « contrat de gestion municipale » a été conclu entre les listes Aubry et Quiquet. Le texte prévoyait l’ouverture, en fixant des conditions : « Partager le projet issu de toutes les sensibilités de la gauche et rejeter la politique de Nicolas Sarkozy. » Mardi matin, M. Richir a accepté à son tour, en s’affirmant « choqué en tant que médecin » par l’établissement de franchises médicales et « ulcéré » par la mise en place de tests ADN pour les candidats au regroupement familial.
« Tout ne se passe pas à Lille seulement, il y a l’enjeu de la communauté urbaine (LMCU) », a lancé à midi M. Quiquet pour justifier son revirement, ajoutant souhaiter « que Jacques Richir apporte clairement son soutien à Martine Aubry pour la présidence de LMCU ».
« UN ACCORD POLITIQUE »
Mme Aubry a souligné les qualités humaines de M. Richir, médecin engagé dans le social. « Je n’aurais jamais négocié avec le MoDem de Bordeaux. » Le centriste est en dixième position sur la liste, assuré d’un poste d’adjoint.
Le MoDem aura un deuxième élu, Frédéric Lambin, jeune vice-président de la chambre de commerce, au profil social lui aussi - il préside l’école de la deuxième chance à Roubaix. « C’est un accord politique, pas électoraliste, puisque nous pouvons aisément gagner sans le MoDem », a insisté Mme Aubry.