Lors des élections municipales, le Front national (FN) n’a été capable de présenter que 85 listes (deux fois moins qu’en 2001). Son score national, au premier tour, s’établit à 0,93 % sur l’ensemble du corps électoral. Si l’on y ajoute les résultats du Mouvement national républicain (MNR) et des Identitaires, l’extrême droite totalise 1,08 % (à comparer au 1,98 % du FN et au 1,60% du MNR en 2001).
Lorsque l’on y regarde de plus près, on peut constater, dans certaines communes, des scores qui, bien que largement inférieurs à 2001, ne sont pourtant pas négligeables : à Cluses (Haute-Savoie), le FN atteint 23,6 % des voix au premier tour (35,81 % en 2001) et à Noyon (Oise), il comptabilise 16,98 % des suffrages (30,18 % en 2001).
On observe également des scores qui augmentent entre 2001 et 2008, même s’ils sont très en dessous des annonces frontistes : le FN capte 28,53 % des voix (17,49 % en 2001) à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), 10,31 % (6,8 % en 2001) à Mulhouse et 12,29 % (9,27 % en 2001) à Perpignan. Dans d’autres communes, bien qu’absent en 2001, le FN tire son épingle du jeu : son score atteint 17,26 % à Camaret-sur-Aigue (Vaucluse) et 12,35 % à Calais. Ceci étant, le FN n’a été en mesure de se maintenir au second tour que dans dix-sept villes, alors qu’en 2001, 41 listes avaient dépassé la barre des 10 %. Il n’a obtenu que 63 élus.
Par ailleurs, on peut noter que des ex-FN recyclés au Mouvement pour la France (MPF) ont été réélus ou élus maire : à Orange (Vaucluse), Jacques Bompard est, de nouveau, passé au premier tour (60,97 %) ; à Chauffailles (Saône-et-Loire), Marie-Christine Bignon est réélue avec 65,30 % des voix ; et à Bollène (Vaucluse), Marie-Claude Bompard accède à la mairie avec 47,95 %. Tandis que l’ex-FN Daniel Simonpieri, investi par l’UMP, perd Marignane.
En réalité, le FN a privilégié les élections cantonales. Présent dans près de la moitié des cantons renouvelables, il a rassemblé 5,01 % des voix (8,1 % dans les 1 020 cantons où il était en lice). Dix mois après le « siphonnage » électoral opéré par Nicolas Sarkozy et des élections législatives calamiteuses, ces élections ne semblent pas s’apparenter à un « redressement », comme le prétend le FN, mais bien à un nouveau recul. Pour autant, peut-on parler de « lepénisme résiduel », comme s’y hasarde Jean-François Touzé, ancien membre du bureau politique du FN ?
Le FN compte sur les élections européennes de 2009 et son opposition de façade à l’Europe libérale pour capter les déçus du sarkozysme et les abstentionnistes de mars 2008. Le combat contre l’extrême droite n’est pas fini.