Surprise, les Verts se disent zen. Et assurent qu’ils seront « rassemblés » lors de leur conseil national à Paris ce week-end. Aux municipales, ils ont surfé sur la vague rose. Et à l’exception notable de Paris où Denis Baupin a divisé de moitié leur influence, leurs listes autonomes ont enregistré des scores significatifs. A cela s’ajoutent quelques victoires symboliques : Noël Mamère a été réélu à Bègles (Gironde) et, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Dominique Voynet est la première verte élue maire d’une ville de plus de 100 000 habitants. « Les Verts reprennent du poil de la bête, résume Cécile Duflot, leur secrétaire nationale. Au total, nous devrions avoir 2 500 élus. » Soit environ 25 % de plus qu’en 2001. « C’est un double succès : nos listes autonomes font en moyenne 9 % aux municipales et 11,5 % aux cantonales, quand le Modem est à 3,9 %», ajoute Jean-Vincent Placé, vice-président de conseil régional d’Ile-de-France. Ces bons résultats, selon lui, confortent l’axe majoritaire formé au sein de la direction par les amis de Duflot et Voynet. Et permettent d’envisager un « congrès de synthèse en novembre », rassemblant les Verts altermondialistes proches de Francine Bavay et les amis environnementalistes d’Yves Cochet.
« Confiance ». Cette « demi-surprise » électorale, François de Rugy, député de Loire-Atlantique, l’attribue en premier lieu « à l’effet mécanique de la présence des Verts dans les listes de rassemblement de la gauche ». Mais pas seulement, puisqu’à certains endroits, « les électeurs ont pu à la fois voter pour l’union de la gauche aux municipales et pour un candidat Verts aux cantonales », note-t-il. Conclusion du député voynétiste : après « le coup de massue de la présidentielle et des législatives, l’envie d’écologie est là. Et pour faire de l’écologie politique, c’est plutôt aux Verts que les électeurs font confiance, du moins au niveau local. Sur notre capacité à répondre aux enjeux nationaux, en revanche, un gros doute subsiste ». Bref, les problèmes de 2007 - manque de lisibilité et de crédibilité - ne sont pas résolus. Comment faire des Verts le « catalyseur de la société écologiste » ? Et rallier par exemple tous les déçus du Grenelle de l’environnement ? « Je reçois des mails de gens qui me disent : le Grenelle est en train de foirer. Il y a une forte attente vis-à-vis de nous », explique Duflot.
En interne, le débat fait aussi rage sur l’ouverture des Verts dans la perspective des élections européennes de 2009. Contacté pour mener la liste en Ile-de-France, comme en 1999 où il avait totalisé près de 10 % des voix, Daniel Cohn-Bendit fait de l’union des « écologistes de tous bords » une condition. « Je suis prêt à discuter, mais pas à servir de cache-sexe au sectarisme des Vert en conduisant une liste en tête à tête avec eux. Cela ne marchera que si l’on s’ouvre à d’autres acteurs de l’écologie. » Surtout le député européen veut défendre un « projet écolo-solidaire et radicalement proeuropéen ». Ce qui appelle, selon lui une clarification de la part des « altermondialistes gauchos républicains et non-européens ».
« Locomotives ». Son frère, Gabriel Cohn-Bendit, vient de lancer un appel (www.onatoujoursraisondinventer.eu) pour rassembler tous les écologistes, qu’ils « soient Verts, du Modem, du PS, des partis radicaux de gauche ou valoisiens ou associatifs » derrière « des locomotives comme Dany, Nicolas Hulot et des sages comme Edgar Morin ou Hubert Reeves ». Le casting est alléchant. Reste à convaincre les intéressés. « Je discute depuis des mois avec Hulot, il n’arrive pas à se décider. Mais une chose est sûre : il ne s’engagera pas si c’est un truc Verts, Verts, Verts », reconnaît Daniel Cohn-Bendit. « Qu’on s’ouvre à des compagnons de route pourquoi pas. Mais des listes Verts-Modem, je ne vois pas ce qu’on aurait à y gagner », note François de Rugy. Comme au PS, le retour du clivage entre ouiste et nonistes, comme la question d’une alliance avec le Modem, risque fort de parasiter le débat des européennes chez les Verts. Même rassemblés.