SAINT-JEAN-DE-MONTS (Vendée) ENVOYÉ SPÉCIAL
Solidaires... entre eux. Les quelque 350 délégués de l’union syndicale Solidaires ont adopté, jeudi 6 juin, à l’unanimité, la quasi-totalité des textes soumis au vote de leur quatrième congrès, à Saint-Jean-de-Monts (Vendée). « Tous ensemble » ils définissent leur identité commune, mais sont un peu esseulés.
Convaincus de la nécessité de renforcer leur organisation, voire pour certains de la transformer en « petite confédération », désireux de « l’inscrire durablement dans le paysage syndical » - même si pour la porte-parole, Annick Coupé « cet outil n’est pas une fin en soi » -, les militants ont évoqué les limites de leur action. Difficile de travailler à la « recomposition syndicale » et à l’unité quand l’on vous tient à l’écart des négociations et de la préparation des mobilisations.
Les délégués se demandent quelle relation entretenir avec les autres, et en particulier la CGT, quelle stratégie autonome développer. « Notre rôle ne se limite pas à aiguillonner les autres organisations syndicales », a rappelé Christian Mahieux (SUD-Rail). « Thibault, Chérèque, Mailly (les secrétaires généraux de la CGT, de la CFDT et de FO) n’ont proposé que des stratégies syndicales perdantes », a tonné Pascal Diaz (SUD Santé). Et Eric Plenel (SUD-Douanes) a plaidé pour « suivre (leur) propre stratégie ». Certains ont critiqué la décision de leur organisation de signer l’accord sur la « rénovation du dialogue social dans la fonction publique ». « Le syndicalisme d’accompagnement n’a pas marché, la preuve, quand on voit comment la CGT et la CFDT se sont fait rouler dans la farine par le gouvernement », expliquait Sandra Demarque (SUD-PTT).
Le débat sur l’appel par Solidaires au 17 juin, la journée d’action contre la réforme des retraites et les attaques du gouvernement sur le temps de travail, préparée par les seules CGT et CFDT, a souligné certaines des contradictions de l’organisation. « La succession de journées d’action sans lendemain est problématique et, en même temps, on ne peut être absent de ce moment fort de mobilisation », a expliqué au Monde Mme Coupé. Alors, malgré les divergences avec la CFDT et la CGT, malgré le fait que cette dernière soit soupçonnée de vouloir réformer les règles de la représentativité pour les tenir à l’écart, Solidaires veut réussir la mobilisation du 17 juin, « pour l’inscrire dans un processus de préparation d’une grève générale reconductible qui doit être impulsé unitairement par le mouvement syndical ». Toute la stratégie de Solidaires en une phrase.