A la suite de la première vague de grèves de salariés sans papiers, en région parisienne, le 15 avril 2008, une seconde série d’entreprises a été touchée par le mouvement. Parmi elles, des entreprises de nettoyage comme Manet, dans le 11e arrondissement de Paris (lire Rouge n° 2257 et n° 2254), et DMMS, dans le 20e, avec l’apparition de femmes travailleuses sans papiers. L’exemple de DMMS, une société faisant principalement du nettoyage et de l’aide à domicile, met en lumière l’importance du recours de ce secteur à une main-d’œuvre sans papiers.
Peu nombreux les premiers jours, les grévistes ont été bientôt rejoints par leurs collègues en situation irrégulière, pour finalement rassembler aujourd’hui 51 personnes. Parmi eux, dix-sept occupent en permanence un local de leur entreprise. Le soutien s’est vite organisé. Si la CGT est au cœur de la lutte, un large comité de soutien s’est mis en place, regroupant associations et partis de gauche (y compris le PS).
Le soutien financier s’est organisé : vente de T-shirts, collectes aux sorties des métros, etc. Mercredi 11 juin, une marche rassemblait 200 personnes traversant l’arrondissement et se terminant par une réunion publique à la mairie du 20e arrondissement. Le 21 juin, un repas de solidarité, organisé par les grévistes et leur comité de soutien, a rassemblé 150 personnes. Ce fut pour les grévistes l’occasion de témoigner de leurs conditions de vie et de travail et des raisons qui les ont poussés à quitter leur pays.
Nombre des salariés engagés dans le mouvement travaillent à temps partiel, en particulier les femmes, bien que leur travail soit le plus souvent en réalité un temps complet (par exemple, une série de cages d’escalier à nettoyer avec un contrat de quatre heures par jour, alors que ce travail nécessite six à sept heures). Mais comment se défendre et faire valoir ses droits sans risquer d’être immédiatement licenciée par un employeur qui feint le plus souvent de ne pas connaître la situation de ses salariés ?
Pour l’instant, le mouvement n’a permis d’obtenir que quelques régularisations, toutes de courte durée, sans garantie sur l’avenir, certaines étant accordées sans autorisation de travail. L’arbitraire règne dans les préfectures. Ainsi, des preuves d’ancienneté sur le territoire peuvent être demandées ou pas, la liste des documents à fournir est aléatoire et évolutive et fonction des préfectures.
L’été risque d’être difficile mais, d’ores et déjà, ce mouvement a permis d’obtenir quelques victoires, partielles, fragiles, mais réelles. Prochain rendez-vous : un repas de solidarité, samedi 5 juillet, à partir de 12 h 30, devant le 13, rue Pierre-Bonnard, à Paris 20e, M° Porte-de-Bagnolet ou Maraîchers.