Les contre-sommets du G8 se suivent et ne se ressemblent pas. Loin des rassemblements massifs de Gênes, en 2001, ou de Rostock, en 2007, les manifestations organisées à Sapporo, sur l’île japonaise d’Hokkaido, par les altermondialistes n’ont que peu mobilisé les foules. L’importance des mesures de sécurité, l’éloignement du site et un certain essoufflement du mouvement les en ont empêchés.
Symposiums, défilés, rencontres… Le programme des Journées internationales de solidarité des peuples, du 1er au 10 juillet, s’annonçait pourtant riche. Alors que les premiers dirigeants du G8 arrivaient dimanche 6 juillet, quelque 150 personnes défilaient à l’appel du syndicat Doro Chiba. Au parc Odori, dans le centre de Sapporo, l’environnement et le développement africain faisaient l’objet de longues interventions d’orateurs venus du monde entier.
Cette activité, diverse par ses revendications – de la lutte contre le nucléaire aux questions alimentaires en passant par le soutien aux Palestiniens– était mue par un message commun, la remise en cause de la légitimité du G8. « De quel droit huit pays peuvent-ils décider du sort de la planète ? », s’interrogeait Myriam Bourgy, du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM).
QUADRILLAGE POLICIER
Malgré cela, même la Peace Walk, la Marche pour la paix organisée samedi, et qui devait être le point d’orgue du contre-sommet, n’a rassemblé que 2 500 personnes. Le défilé, très encadré par les forces de l’ordre, s’est déroulé sans incident majeur, à l’exception de l’arrestation quelque peu musclée de quatre personnes.
Plusieurs raisons expliquent les limites du mouvement, à commencer par la localisation du sommet. « Hokkaido, c’est loin et c’est cher, surtout pour des bénévoles d’association », faisait remarquer Christine Sanquer, membre d’Attac.
Une autre explication, et non des moindres, est à chercher dans le déploiement massif de mesures de sécurité, qui commencent dès l’arrivée au Japon. Les services d’immigration, qui bénéficient d’informations fournies par les pays participants sur les activistes, effectuent un filtrage sévère. Quatre militants de la puissante organisation sud-coréenne Korean Confederation of Trade Union (KCTU) ont été bloqués plusieurs heures à leur arrivée dans l’archipel, ce qui les a empêchés de participer à la Marche pour la paix. Susan George, d’Attac, a vécu une mésaventure similaire. Certains croient savoir que José Bové n’est pas venu au Japon par crainte de subir le même sort.
Sur place, 20 000 policiers quadrillent en effet Sapporo et la zone où se déroule le sommet, autour du lac Toya, située à une centaine de kilomètres au sud de la principale ville d’Hokkaido et qui n’est accessible que par deux routes. De quoi faire dire à un militant qu’« il y a deux solitudes : les leaders près du lac et le peuple à Sapporo ».
Cela dit, un des problèmes rencontrés par les altermondialistes semble être ce que Mme Sanquer qualifie d’« essoufflement de la mobilisation, d’une lassitude ». Beaucoup redoutent que cela nuise à la portée des actions. Et donc à la contradiction apportée aux dirigeants du G8.