Le rythme des destructions d’emplois s’accélère aux États-Unis. 2,6 millions d’emplois ont disparu en 2008 et le rythme d’aujourd’hui est de plus d’un demi-million de suppressions de postes par mois. Les travailleurs licenciés ne sont indemnisés que 26 semaines et perdent souvent leur assurance-maladie. Avec huit millions de travailleurs au chômage technique ou en temps partiel imposé, la crise frappe désormais une grande partie de la population. Obama prévoit un nouveau plan, avec une annonce de 775 milliards de dollars pour créer près de quatre millions d’emplois d’ici fin 2010. Il comporte des projets d’investissements publics massifs, l’allongement de la durée d’indemnisation du chômage, mais aussi de nouveaux cadeaux fiscaux. En 2009, l’économie la plus puissante du monde s’achemine vers un taux de chômage de 10 %, un net recul du PIB et un déficit abyssal de 10 % de ce dernier.
Les économies ayant suivi le modèle libéral américain ne connaissent pas un meilleur sort. En Irlande, où les annonces de suppressions d’emplois se multiplient, le ministre de l’Économie prévoit une contraction du PIB de 4 % en 2009. L’Angleterre s’enfonce dans une grave récession, en dépit des nationalisations et de la baisse du taux de la TVA. Après la baisse du taux d’intérêt, il ne reste guère de munitions dans la besace de Gordon Brown. On peut se demander comment l’État britannique parviendra à lever 146 milliards de livres sterling en 2009, alors même que l’Allemagne, dont les finances sont presque à l’équilibre, a du mal à émettre ses obligations d’État. L’explosion de la dette britannique, combinée à la dépréciation de la livre, devrait nettement accroître le coût des emprunts publics.
La crise est mondiale. En Chine, le recul des exportations est venu aggraver les contradictions inhérentes au développement capitaliste. Le Premier ministre, Wen Jiabao, reconnaît que « la situation de l’emploi est extrêmement sombre ». Dans les zones industrialisées, le taux de chômage réel est similaire à celui des pays occidentaux. Les jeunes diplômés sont contraints de faire des petits boulots, tandis que 10 millions de mingongs, ces paysans migrants devenus ouvriers, ont dû retourner en 2008 dans les zones rurales qui jouent le rôle d’amortisseur des fluctuations de l’économie capitaliste chinoise. Mais, face à une telle crise et à un tel exode, le secteur agricole ne suffit pas à absorber la main-d’œuvre. Cela ne fait pourtant que commencer. C’est pourquoi, comme l’indique le magazine de l’agence Xinhua, le pouvoir redoute en 2009 « une recrudescence d’incidents de masse ». Comme l’explique un analyste du Crédit suisse, à Hongkong, « la pression sur l’emploi est énorme, le risque social est aussi dangereux pour la Chine que le choc financier l’est pour le reste du monde ».
Face à la crise mondiale du capital, travailleurs de tous les pays, unissons-nous.