« Au nom de l’environnement, on voudrait tuer le développement en France » a affirmé Nicolas Sarkozy cet après-midi, ajoutant que sortir du nucléaire reviendrait à « se couper un bras » (1). Est-ce d’avoir assisté quelques instants plus tôt à une démonstration d’élagage qui a inspiré au chef de l’État cette métaphore aussi tranchante qu’inepte ?
Le chef de l’État ignore manifestement que d’autres pays « développés » se débrouillent très bien sans nucléaire - citons par exemple l’Autriche, qui interdit le recours au nucléaire dans sa Constitution. Quant à l’Allemagne s’est engagée sur la voie de la sortie du nucléaire. M. Sarkozy considère-t-il donc que la première économie européenne est un pays « manchot » ?
Non seulement la France peut sortir du nucléaire, mais ce serait même pour elle une formidable opportunité économique : création de centaines de milliers d’emplois qualifiés, développement de nouvelles filières et activités, possibilité de devenir leader mondial du démantèlement des installations nucléaire, etc. Pour l’aider à prendre conscience des possibilités effectives de sortie du nucléaire, le Réseau « Sortir du nucléaire » invite le chef de l’État à consulter le scénario énergétique de l’association Négawatt (2) - une lecture peut-être plus à la portée de M. Sarkozy que « La Princesse de Clèves » ?
La bêtise des propos de M. Sarkozy est saisissante, au lendemain du tragique 25e anniversaire de Tchernobyl, dont le bilan se monte à ce jour à un million de morts selon l’Académie des Sciences de New-York (3). Même en fonctionnement normal, les centrales nucléaires ont des effets plus graves que « couper un bras » : en 2008, une vaste étude épidémiologique commanditée par le gouvernement allemand a démontré une hausse de 117 % des leucémies infantiles dans un rayon de 5 km autour des réacteurs nucléaires (4).
En regard du sort des victimes du nucléaire, la métaphore pseudo-médicale du chef de l’État sur la sortie du nucléaire est tout simplement sordide.
Porte-parole :
Nadine Schneider
Attachée de presse :
Opale Crivello
Sources :
(3) http://www.chernobyl-day.org/article/tchernobyl-consequences-de-la
(4) http://www.bmu.de/files/pdfs/allgemein/application/pdf/hintergrund_kikk_studie.pdf