Deux mois après l’accident nucléaire consécutif au séisme de magnitude 9 et au tsunami géant qui ont dévasté le nord-est du Japon, le gouvernement a pris des mesures pour en affronter les conséquences, tout en obtenant la suspension d’une autre centrale au nom de la sécurité des populations.
L’équipe de centre gauche de Naoto Kan a détaillé un mécanisme de soutien pécuniaire à Tokyo Electric Power (Tepco), l’opérateur en difficulté de la centrale de Fukushima, afin d’assurer le versement d’indemnités aux plus de 85 000 personnes évacuées et aux entreprises perturbées par les radiations. Ce plan, qui devra être validé au Parlement, prévoit notamment la création d’une structure cofinancée par l’Etat et les compagnies d’électricité privées du Japon.
ONZE RÉACTEURS STOPPÉS
« Il ne s’agit pas de sauver Tepco, mais de faire en sorte que les victimes soient dédommagées rapidement », a insisté le premier ministre lors des débats. Cet organisme apportera une aide financière à Tepco, par des injections de capitaux ou des prêts, afin d’éviter que la firme ne tombe en cessation de paiements, une menace agitée par son PDG.
Lourdement endettée, la compagnie dont l’action a perdu plus de 80 % à la Bourse de Tokyo depuis l’accident, peine à lever des fonds, alors qu’elle pourrait avoir à débourser plusieurs dizaines de milliards d’euros d’indemnités. Onze réacteurs alimentant Tepco étant stoppés depuis le 11 mars, la compagnie doit acheter davantage d’hydrocarbures pour augmenter la production de ses centrales thermiques, afin de desservir la mégapole de Tokyo.
De son côté, le gouvernement demande aux entreprises et particuliers de l’est et du nord du pays de réduire leur consommation d’énergie cet été, afin d’éviter des coupures de courant. Tepco se voit placée de fait sous tutelle semi-publique et devra céder des actifs pour se concentrer sur la production et la distribution d’électricité, ses dirigeants comme son personnel subissant en outre des réductions de salaire.
L’accident de Fukushima, le pire depuis Tchernobyl (URSS) en 1986, a poussé les autorités à lancer un contrôle de l’ensemble du parc nucléaire japonais, comptant 54 réacteurs, à la suite duquel M. Kan a demandé l’arrêt de la centrale d’Hamaoka, dans le centre du pays, zone à fort risque sismique dans les trente ans à venir. Son opérateur, Chubu Electric Power, a débuté vendredi les opérations de suspension d’un réacteur, et devrait faire de même samedi pour la seconde unité exploitée. Une troisième a été stoppée précédemment pour vérifications.
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