En 2005, le sommet du G8 de Gleneagles annonçait une initiative «
historique » d’annulation de la dette de certains pays pauvres envers la
Banque mondiale, le FMI et la Banque africaine de développement (BAD).
Un an plus tard, on est loin du compte. La liste des pays ayant docilement
appliqué toutes les mesures d’ajustement structurel nécessaires pour en
bénéficier comporte aujourd’hui seulement 19 noms (sur 165 dits « en
développement »). De plus, le créancier le plus important, la Banque
mondiale, a attendu le 1er juillet 2006 pour la mettre en pratique et,
contrairement au FMI et à la BAD, a exclu les dettes de l’année 2004 de la
mesure, réduisant de 5 milliards de dollars sa portée.
Au final, force est de constater que cette initiative ne résout rien. Elle
va déboucher sur une réduction des remboursements de dette inférieure à 50
milliards de dollars sur les 40 prochaines années pour ces 19 pays. Les
sommes libérées chaque année pour les 19 pays, légèrement supérieures à 1
milliard de dollars, sont incroyablement faibles face aux dépenses
militaires mondiales (1100 milliards de dollars par an). Le gain actuel
est même inférieur au surcoût occasionné par la hausse des prix du
pétrole. En fait, la situation pour ces pays s’est encore détériorée.
A partir de demain à St Petersbourg (Russie), le sommet du G8 va notamment
chercher à avancer vers un accord sur le cycle de Doha en discussion à
l’Organisation mondiale du commerce (OMC), cycle imposant une
libéralisation accrue de l’économie mondiale et pénalisant durement les
pays les plus pauvres contraints de se soumettre davantage aux intérêts
des plus puissants. Le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, a
même écrit aux dirigeants du G8 et de 5 pays en développement pour leur
demander avec fermeté de conclure sur ce point.
Les pays du G8 préfèrent actuellement centrer leurs réflexions sur les
enjeux géostratégiques (Iran, Liban, Corée du Nord...), énergétiques
(pétrole, gaz naturel...) et commerciaux (cycle de Doha, adhésion prochaine
de la Russie à l’OMC). La reprise en main par le G8 est en cours. Le reste
ne sera sans doute que de l’agitation médiatique.
Pourtant, les derniers chiffres publiés par la Banque mondiale montrent
une dette extérieure des pays en développement plus élevée que jamais :
2800 milliards de dollars. Elle organise la poursuite de la mainmise du
FMI et de la Banque mondiale sur l’économie des pays du Sud, rendant
impossible toute forme de développement juste et durable.
Le CADTM réclame l’annulation totale et inconditionnelle de la dette
extérieure publique de tous les pays en développement et l’abandon des
politiques d’ajustement structurel, premiers pas vers la mise en place
d’une autre logique économique, enfin respectueuse de l’humain et de
l’environnement.
Contacts :
Damien Millet, président du CADTM France
france cadtm.org
06 60 54 27 13
Eric Toussaint, président du CADTM Belgique
international cadtm.org,
04
86 74 47 52