Septembre 2005 s’est avéré fort symbolique, quant à l’acuité et la nature du combat écologique en France. Avec quelques 5000 participantes et participants le samedi 24, pour une préfecture meusienne ne comprenant que 16000 habitants, Bar-le-Duc a connu la plus grosse manifestation à ce jour contre l’enfouissement des déchets radioactifs dans le « laboratoire-poubelle » de Bure. Tout le mois durant, la mobilisation s’est maintenue face aux procès en chaîne intentés contre les Faucheurs volontaires d’OGM. Quatre ans après l’explosion dévastatrice de l’usine AZF, plus de 300 personnes se sont rassemblées à Toulouse à l’appel des associations de victimes qui poursuivent un combat, long et difficile, pour qu’enfin Total soit mis en examen.
Ces combats ne se mènent pas aux marges sociétales du système ; ils s’affrontent à ces géants économiques qui façonnent idéologie, société et capitalisme nationaux. Ils heurtent constamment à cette spécificité française : le poids des grands prédateurs dans des secteurs aussi variés que l’énergie, le transport, l’agriculture, la chimie et la pharmacie.
Dans quel autre pays trouve-t-on tout à la fois le plus puissant complexe nucléaire et l’un des principaux pétroliers au monde (Total) ; une industrie automobile qui est devenue le fer de lance du diesel et de ses micro-particules ; la première agro-industrie d’Europe, qui a le privilège d’occuper une place politique particulièrement centrale pour un capitalisme « avancé » ?
Ces lobbies s’attachent la puissance publique. Ils entravent les instructions judiciaires et rendent les salariés —ainsi que les sous-traitants ou sous-exploitants— responsables d’accidents (marées noires, explosions, dissémination d’OGM...) qui n’auraient jamais dus avoir lieu s’ils avaient eux-mêmes respectés les normes de sécurité. Ils manipulent l’opinion à coup de « publicités idéologiques » (pour ne pas dire campagnes de lavage de cerveaux) et étouffent dans l’œuf tout débat démocratique sur la nature et la finalité de leurs productions.
De tels lobbies ne peuvent être combattu qu’en construisant ainsi un véritable rapport de force et, pour ce faire, en unifiant autour d’objectifs communs l’action citoyenne, écologique et sociale.