Des courants politiques estiment qu’il suffit de mettre un peu d’huile dans les rouages des institutions de la Ve République, certains ne reconnaissent que l’exploitation, d’autres prônent les « discriminations positives ». Tous ces courants ne font qu’adopter des postures trompeuses qui ne remettent pas en cause la globalité d’un système économique et social auquel il faut s’attaquer pour lutter contre les discriminations.
Lutter contre les discriminations suppose tout d’abord qu’elles soient reconnues. Ce qui est loin d’être le cas, notamment pour les femmes et leurs salaires, pour l’accession au logement ou à l’emploi de ceux et celles qui sont issus de l’immigration, notamment africaine. La meilleure réponse à apporter à toutes les discriminations est, bien sûr, de se battre, tous ensemble, pour une société où la redistribution des richesses est repensée avec un accès pour tous aux services publics, au logement et à la santé.
Devant le démantèlement de la Sécurité sociale et des services publics, mis sous la coupe de la logique libérale, certains ne proposent que quelques parachutes de secours pour les plus démunis ou les plus discriminés (la CMU par exemple). Les suppressions d’hôpitaux, de bureaux de poste ou de services sociaux, frappent plus durement ceux qui subissent des discriminations. Ils pâtissent également d’avantage de l’absence d’un grand service public national du logement. Sarkozy, qui défend bien quelques mesures « positives » spécifiques pour les jeunes de milieux populaires, accélère l’exclusion sociale par la fermeture des services publics.
Il est aussi nécessaire de remettre en cause les situations d’exclusion et d’oppression par des réponses spécifiques mettant fin à des discriminations : un service public de la petite enfance qui ne doit pas être une revendication spécifique des femmes, la reconnaissance des viols comme un crime, y compris ceux subis dans la sphère familiale. Les couples homosexuels doivent disposer de droits pleins et entiers identiques à ceux des hétérosexuels. Le Pacs, même s’il ne va pas assez loin, est un début de réponse face à une discrimination. Les étrangers doivent jouir de droits politiques et sociaux identiques à ceux qui ont la nationalité française. La meilleure réponse aux discriminations liées à l’emploi est d’imposer le droit de tous à un emploi stable, de rendre illégal les licenciements et de supprimer le chômage en embauchant en CDI ou en emploi statutaire dans le service public.
Même s’il existe une loi antidiscrimination générale, celle-ci ne dispose d’aucun moyen d’application. Aussi faut-il prendre concrètement des mesures d’action positive. Nous exigeons, par exemple, la création, dans les entreprises, d’une commission obligatoire du comité d’entreprise contre les discriminations, avec l’accès aux demandes d’embauche et au traitement des dossiers, de manière à pouvoir évaluer la réalité des discriminations liées au genre, au nom, à la couleur de peau, au lieu de résidence. Le patron devra présenter devant cette commission un rapport annuel avec obligation de résultats. Dans les entreprises de moins de 50 salariés, ces commissions pourraient regrouper plusieurs petites entreprises sur une base locale. Il ne s’agit pas d’imposer des « quotas » mais de combattre concrètement un recrutement sexiste ou en fonction de l’origine. Des mesures identiques sont réalisables concernant le logement, à commencer par le logement public.
Pour l’Éducation, la question de fond est sociale. Le débat public aujourd’hui concerne la carte scolaire et les ZEP. Si la mixité sociale n’existe pas dans le quartier, elle ne peut exister à l’école, même en respectant la carte scolaire, ce qui est loin d’être le cas. L’école ne doit pas être un lieu ou les ségrégations s’accentuent. Les écarts budgétaires alloués par les collectivités locales varient d’un à dix selon la richesse de la commune. Il faut évidemment imposer une péréquation, afin que les communes soient à égalité. Et donner plus aux écoles et établissements qui rencontrent des difficultés. Développer les ZEP et doubler leurs moyens financiers coûterait 500 millions d’euros, soit une augmentation de seulement 0,9 % du budget de l’Éducation nationale.