“Bienvenue dans la zone autonome de Capitol Hill à Seattle, plus connue sous l’acronyme Chaz (pour “Capitol Hill autonomous zone”). Ici tout est libre et gratuit”, souligne le Seattle Times.
On y trouve de la nourriture gratuite “à la cantine solidaire No-Cop Co-op, des masques gratuits distribués par des manifestants, une zone d’expression libre où chacun peut dire ce qu’il a à dire, et des projections gratuites de documentaires, comme celui de la réalisatrice Ava DuVernay sur l’incarcération de masse des Africains-Américains”, relate le quotidien local.
Désobéissance civile
À l’instar de nombreuses autres villes américaines, Seattle est le théâtre, depuis deux semaines, de manifestations contre la brutalité policière parfois émaillées de graves épisodes de violence. Le 7 juin, un militant d’extrême droite a foncé en voiture sur des manifestants et blessé l’un d’eux avec son arme à feu, comme l’a montré le quotidien britannique The Guardian sur son site.
De vives tensions ont également éclaté entre manifestants et forces de l’ordre puis, le 9 juin, des protestataires ont commencé “une occupation du quartier de Capitol Hill et accroché une banderole sur le commissariat local. On peut y lire : ‘Cet espace est maintenant la propriété des habitants de Seattle’.”
Entre tentes et sacs de couchage, autogestion et désobéissance civile, de jeunes et moins jeunes habitants tentent d’y refaire le monde “et d’expérimenter un avenir moins policier”, explique le Seattle Times, en rapportant les propos de militants rencontrés sur place.
Le journal y voit d’ailleurs une certaine continuité avec d’autres luttes qui se sont déroulées dans le même quartier de Seattle, comme celle “du mouvement Occupy en 2011 […] ou encore les mobilisations amérindiennes des années 1970”.
“D’horribles anarchistes”
Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère du locataire de la Maison-Blanche et déclencher ses habituelles salves de tweets incendiaires dans lesquels il s’en prend pêle-mêle à “ce gauchiste radical de Jay Inslee” (gouverneur de l’État de Washington et ex-candidat à l’investiture démocrate), à la maire de la ville, Jenny Durkan, et aux “horribles anarchistes” et autres “terroristes de l’intérieur”, souligne le New York Times.
Un tweet auquel la maire de Seattle ne s’est pas privée de rétorquer : “Mettez-nous tous en sécurité. Rentrez dans votre bunker.” Tout en ajoutant le hashtag #BlackLivesMatter.
Make us all safe. Go back to your bunker. #BlackLivesMatter https://t.co/H3TXduhlY4
— Mayor Jenny Durkan (@MayorJenny) June 11, 2020
Le New York Times décrit par ailleurs la mobilisation dans le quartier de Capitol Hill comme une occupation pacifique ressemblant à une sorte de “festival de rue” où les gens “viennent écouter de la poésie, de la musique et des prises de paroles” et où l’on peut voir “des enfants dessiner à la craie sur les trottoirs”. Une occupation qui pourrait durer, car elle semble “avoir l’approbation tacite des autorités locales”.
Ce qui n’empêche pas le locataire de la Maison-Blanche “d’en dresser un tableau bien plus sinistre”, poursuit le quotidien, et de répéter compulsivement sur Twitter, comme il l‘a fait à propos des émeutes à Minneapolis et dans d’autres villes, qu’il faut rétablir “LA LOI ET L’ORDRE”.
Les antifas, épouvantails de campagne
Dans le même temps, le directeur de la campagne de réélection de Donald Trump, Brad Parscale, dévoilait sur Twitter le dernier clip de promotion du candidat à sa réélection.
Un montage grossier de scènes d’émeutes sur lesquelles viennent se superposer des images de son rival démocrate Joe Biden agenouillé, et où les antifas (militants antifascistes) sont identifiés comme une menace et accusés de “semer le chaos dans les villes américaines en commettant des pillages”.
ANTIFA is looting & burning our cities.
Extremists demand we DEFUND the police.
All while @JoeBiden is KNEELING to leftists causing chaos in the streets.@realDonaldTrump stands for law & order, protecting minority businesses, and STANDING for our flag.
New ad : pic.twitter.com/sauu8OUgJ8
— Brad Parscale (@parscale) June 10, 2020
Bérangère Cagnat
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