Lucie Aubrac est décédée. C’est une grande figure de la résistance au
fascisme qui disparaît. C’est aussi une amie, une complice de Ras l’front,
toujours présente à nos côtés, du lancement du mouvement et du journal aux
dernières heures où elle sillonnait encore les routes du pays pour
témoigner, et faire vivre cette phrase qu’elle nous a transmis en héritage
: « Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent ».
Toutes celles et tous ceux qui l’ont vu animer des meetings et autres
réunions de Ras l’front, prendre la parole devant des écoliers ou des
collégiens, se souviennent de son dynamisme et de son franc-parler, de son
énergie, de sa conviction, de sa volonté pour transmettre son expérience
tout autant que les leçons de l’histoire. Inlassablement, elle nous
incitait à lutter sur tous les terrains pour contrer l’intolérance, le
racisme et la progression des idées d’extrême droite.
D’une gentillesse et d’une modestie sans égale, elle ne cessait de nous
répéter qu’il y avait deux choses très importantes à retenir de la période
de la Résistance : tout d’abord la grande part prise par les femmes dans
ce combat. Ensuite que la Résistance n’était pas le fait de « héros » mais
d’obscurs acteurs accomplissant de petits gestes quotidiens, anodins mais
indispensables. Surtout ne pas se résigner, surtout ne pas transiger.
Cette foi dans ces valeurs essentielles, Lucie nous l’a transmise et nous
avons cheminé longtemps à ses côtés.
Militante jusqu’à la fin de sa vie, elle incarne la lutte pour la liberté,
la lutte contre toutes les oppressions, tous les totalitarismes. Le
réseau Ras l’front vient de perdre une grande militante et une grande amie
qui reste pour de nombreux collectifs « leur marraine ». Nous saluons et
manifestons toute notre affection et notre émotion à Raymond, son
compagnon, résistant lui aussi tout au long de sa vie.
Merci Lucie.