Avec un rapport d’activité voté à 97,7 %, on peut dire que le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a fait l’unanimité des militants, malgré les différentes tendances politiques qui se regroupent dans cette organisation syndicale (Parti des travailleurs, socialistes, voire même UMPistes). Pourtant, ni dans son introduction, ni dans sa conclusion, le dirigeant n’est apparu comme un grand orateur. Ses différentes interventions n’ont pas brillé par leur contenu revendicatif, préférant insister sur l’aspect réformiste de l’organisation. Position qui consiste à jouer le jeu du « dialogue social », à la mode Sarkozy. En d’autres termes, pour ce réformiste affiché et fier de l’être, le projet de loi sur le service minimum n’est pas une remise en cause du droit de grève, et la revendication des 37,5 annuités pour tous (public-privé) est complètement utopique. Du réformisme à la pensée rétrograde, il n’y a qu’un pas, qui vient d’être franchi.
Sous prétexte d’apolitisme revendiqué, l’appareil bureaucratique de la troisième centrale syndicale choisit de ne pas combattre la politique du gouvernement. Dans la même lignée, le comité confédéral national (CCN) de Force ouvrière a réélu, samedi 30 juin, Jean-Claude Mailly au poste de secrétaire général de FO pour un deuxième mandat. Seul candidat à sa propre succession, M. Mailly a recueilli 100 % des voix du CCN composé, samedi 30 juin, de 135 représentants d’unions départementales et de fédérations de branches. Les dirigeants locaux ont reconduit quasiment la même équipe nationale, qui sévit maintenant depuis 2004.
Mais il en fallait plus pour faire taire les revendications des délégués venus assister à cette grand-messe. Les quelque 120 interventions ont toutes fait état des difficultés rencontrées dans les différentes branches et dans les départements. Les résolutions sorties des différentes commissions sont en contradiction avec le bureau confédéral. Ainsi, la revendication des 37,5 annuités pour tous a été reprise, ainsi que la dénonciation de l’attaque sur le droit de grève. Le secrétaire général repart donc de Lille avec un mandat qu’il va avoir du mal à défendre. Les militants, quant à eux, sont rentrés sans grand espoir d’être appelés prochainement à la bagarre par leur syndicat, pour défendre leurs intérêts.
M. Mailly a opposé de nombreuses fois, pendant cette semaine de congrès, syndicalisme réformiste et syndicalisme contestataire, pour mieux se complaire dans son attitude contractuelle. Au vu du résultat, il devrait changer de recette ! Après 25 ans de recul de la classe ouvrière, force est de constater que seul un syndicalisme de lutte de classe peut inverser cette tendance.