De façon répétée ces dernières semaines, l’Eglise catholique s’est rappelé au bon souvenir de l’actualité — pour le pire surtout et bien rarement pour le meilleur. Le Vatican a demandé de ne plus envoyer de dons à Amnesty International, car cette organisation défend des victimes jugées « coupables » d’avoir avortées. Il réaffirme sèchement l’interdiction faite aux prêtres de se marier et ne se réconcilie pas avec ses ouailles divorcées qui souhaitent à nouveau convoler. Il rappelle avec beaucoup d’arrogance que lui seul possède pleinement la « vérité du christianisme », soulevant l’ire des Orthodoxes et des Protestants.
Le pape Benoit XVI vient même de « libéraliser » (quelle drôle d’expression !) le rite ancien : si un groupe de fidèles l’exige, la messe devra dès septembre prochain être prononcé en latin. Une décision d’autant plus baroque que ni lesdits fidèles ni le clergé dans son immense majorité ne parlent cette langue morte. On atteint décidemment le comble de l’incommunicabilité.
L’exercice vaticanesque prêterait à sourire s’il ne s’agissait de réaffirmer une autorité fort peu démocratique et de mieux s’attacher les milieux traditionalistes. Or, l’obscurantisme chrétien et l’extrême droite intégriste sont aujourd’hui à l’offensive. Dans un nombre croissant de pays, les droits reproductifs des femmes sont soumis à des attaques continues. Dans le secteur éducatif, les « créationnistes » —pour qui le monde a été « créé » en 6 jours— exigent que leur croyance soit présentée au même titre qu’une science. Le Conseil de l’Europe lui-même a dû sonner l’alerte à ce sujet. Des députés russe et hongrois ont assimilé, à Strasbourg, la théorie de l’évolution au nazisme, au stalinisme et au terrorisme ! Des membres des gouvernements polonais et italiens ont mis en cause l’enseignement du darwinisme.
Décidemment, les flirts intégristes du Vatican ne sont pas à prendre à la légère et la pression fondamentaliste ne s’exerce pas que dans le monde musulman.