À la PIC Lorraine tout va bien, c’est en tout cas ce que raconte la direction aux cars de touristes visitant le site. Les salariés, eux, ne partagent pas tous cet avis : tous les vendredis soirs, pendant des semaines, des salariés ont fait grève pour réclamer un paiement plus juste de leurs heures de nuit. Et récemment, des salariés, excédés par leurs conditions de travail, ont pris l’initiative d’appeler... Olivier Besancenot. Satisfaits d’avoir pu échanger quelques mots avec lui, ils ont ensuite contacté la section de la LCR Moselle.
Ils ont alors pu nous informer de ce qu’ils subissaient au centre de tri : pressions, flicage, paternalisme. Impossible, pour certains d’entre eux (curieusement, plutôt les grévistes du vendredi soir), d’aller aux toilettes ou simplement de prendre un verre d’eau sans devoir rendre des comptes à la hiérarchie. Il arrive que des responsables se postent derrière les trieurs, simplement pour les regarder travailler. Les arrêts maladie sont commentés de manière culpabilisante. Bref, pour certains agents, on n’est pas loin du harcèlement moral. Ajoutez à cela un salaire de misère, des horaires très contraignants, et la coupe est pleine pour ces salariés qui, dans un cri de révolte, ont envoyé une lettre anonyme à la direction. Comment ne pas partager leur légitime colère ?
L’espoir réside à présent dans une réaction syndicale d’ampleur. L’enjeu est de réussir à mobiliser l’ensemble des salariés de la plate-forme, ce qui ne va pas de soi, car l’existence de deux statuts (fonctionnaire et contractuel), ainsi que la différence de traitement entre certaines équipes, contribuent à diviser l’ensemble des salariés, pour le plus grand profit de la direction. C’est une occasion de plus, pour nous, de réclamer que tous les contractuels soient titularisés dans la fonction publique.
La section de la LCR Moselle a, pour sa part, distribué un tract aux portes du centre de tri, pour manifester son soutien à la colère des salariés, et pour réaffirmer que La Poste, comme une école, un hôpital ou une agence EDF, n’est pas faite pour être rentable. Les services publics doivent satisfaire les besoins élémentaires de la population. Et, face aux bas salaires des salariés de la PIC, le mot d’ordre défendu dans nos récentes campagnes électorales prend ici tous son sens : 300 euros d’augmentation pour tous !
Correspondants
SFR : Toujours déterminés
Depuis le 23 mai dernier, les salariés de SFR service client sont toujours aussi déterminés à faire reculer leur direction sur le projet d’externalisation des sites de Toulouse, Poitiers et Lyon.
La direction de SFR service client n’en revient pas, elle qui pensait que la vente de ses trois sites à la sous-traitance se passerait sans problème. Tout avait été prévu à cette fin : le planning des réunions jusqu’au 1er août, le baratin aux salariés (« c’est pour votre avenir professionnel »), la communication... Mais elle n’avait pas pensé à la mobilisation et à la détermination des salariés concernés, qui refusent d’être des variables d’ajustement pour accroître les profits des actionnaires. Cela va bientôt faire deux mois que les « gentilles téléconseillères et gentils téléconseillés » se mobilisent contre la vente de leur activité à la sous-traitance. Manifestations nationales et locales, pique-niques revendicatifs, action juridique, occupation du comité central d’établissement (CCE), die-in sur tous les sites, distributions de tracts devant les enseignes SFR, perturbation d’inaugurations de boutiques, pause collective, grève générale sur les trois sites... Les salariés sont, de jour en jour, plus inventifs.
Face à cette détermination, la direction de SFR durcit le ton et affirme, coûte que coûte, vouloir aller jusqu’au bout de son projet, qui lui rapportera environ 50 millions d’euros. Pour cela, elle a réussi à diviser l’intersyndicale en mettant dans sa poche deux organisations syndicales minoritaires (FO et la CGC), qui acceptent de négocier les transferts et d’assister au CCE. Elle essaye également de diviser les salariés entre eux en donnant, par exemple, des primes à certains.
Mais rien n’y fait. La solidarité, la détermination des salariés est plus que jamais d’actualité, même si, certains jours, le moral peut être à plat. L’objectif des 1 900 salariés en lutte est clair et net : retrait pur et simple du projet d’externalisation.
Joséphine Simplon