A l’issue d’une visite de quatre jours de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, endommagée par un violent séisme le 16 juillet, les experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont confirmé vendredi 10 août que son redémarrage n’aura pas lieu avant plusieurs mois.
La secousse, d’une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, avait provoqué un incendie dans un transformateur électrique et des fuites d’eau légèrement radioactive dans la mer du Japon, jugées sans danger pour la santé. Les autorités japonaises avaient alors décidé de la fermer pour une période indéterminée. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) a depuis reconnu que sa centrale nucléaire, la plus grande du monde, n’était pas conçue pour résister à un séisme d’une telle force.
Interrogé sur les vérifications nécessaires avant une reprise des opérations, Philippe Jamet, chef de la délégation d’experts sur place et directeur du département de sûreté des installations à l’AIEA, a estimé que la reprise des activités « ne pourra pas se faire très vite », parlant « de mois », voire « d’une année » de travail. Toutefois, il a confié à la presse ne pas être « trop inquiet » : « Quand on décide de mettre en service ce genre de centrale, il faut étudier très précisément ce qui doit être vérifié, démontré, où sont les priorités, quels sont désormais les niveaux maxima de séismes à prendre en compte. Il faut élaborer une méthodologie (...). C’est un des tests que nous devrons conduire dans les prochains mois », a précisé l’émissaire de l’AIEA.
LES BÉNEFICES DE TEPCO AMPUTÉS DE 80 %
Selon M. Jamet, « cette mission est extrêmement importante. Il est essentiel que tous les pays puissent tirer des enseignements de ce séisme, de la façon dont il a été géré, à partir de l’état de la centrale ». Le gouvernement japonais avait hésité quelques jours avant d’inviter les experts à inspecter la centrale, pour mettre fin aux rumeurs alarmistes à l’étranger et apaiser les craintes de la population. Les six inspecteurs de l’AIEA ont passé quatre jours sur le site et rencontré à plusieurs reprises des techniciens de Tepco et les autorités chargées de la sûreté nucléaire.
Avant cette visite, il était déjà envisagé que la centrale pourrait ne pas reprendre son activité avant mars 2008, le temps de renforcer ses capacités antisismiques. Cette fermeture va coûter cher à Tepco, première compagnie privée d’électricité du monde. La compagnie a annoncé fin juillet qu’elle amputait de 80 % sa prévision de bénéfice net pour l’exercice en cours, escomptant désormais 65 milliards de yens (400 millions d’euros) pour l’année 2007-2008, contre une prévision de 310 milliards de yens.
La centrale de Kashiwazaki-Kariwa produisait à elle seule la moitié de l’énergie nucléaire du pays et fournissait la quasi-totalité de l’alimentation électrique de Tokyo, dont les besoins grimpent avec les températures d’été. Pour compenser cette perte, le président de Tepco, Tsunehisa Katsumata, a annoncé fin juillet la mise en place de plusieurs mesures : l’augmentation de la production d’autres centrales, l’utilisation d’énergies alternatives (charbon et gaz) et le rachat d’électricité à d’autres entreprises. Les Japonais ont aussi été appelés à réduire leur consommation.