Approuvée à 85 %, la résolution proposée par la majorité constate qu’un an après son élection, Sarkozy est de plus en plus rejeté mais que, néanmoins, le gouvernement continue à avancer sur tous les terrains, y compris sur le terrain international, en s’alignant toujours plus sur l’impérialisme américain. Pour autant, la situation est loin d’être stabilisée : le mécontentement s’exprime dans les luttes (salaires, retraites, défense de l’école publique, etc.), mais les directions syndicales sont loin d’être à la hauteur et la gauche s’avère incapable de prolonger sa victoire électorale en une opposition résolue à Sarkozy. Plus que jamais, il est nécessaire d’apporter une réponse globale à ces attaques globales, grâce à un plan d’urgence fondé sur une défense intransigeante des revendications. Sur le plan de l’alternative politique, l’évolution de la situation politique et sociale légitime et renforce la bataille pour un nouveau parti anticapitaliste.
La résolution proposée par la plateforme B (14 %) met l’accent sur la rupture qu’a constituée la victoire de Sarkozy et l’affaiblissement rapide de sa légitimité politique débouchant sur une situation de crise. Une situation qui lancerait deux défis majeurs pour le mouvement ouvrier : faire converger les multiples conflits engagés avec le pouvoir et offrir une perspective politique. Selon ces camarades, cela impliquerait de revoir la priorité des tâches de l’organisation, le processus de construction du nouveau parti anticapitaliste étant lourd de risques, la LCR engageant sa dissolution alors que les conditions ne sont pas remplies pour un parti qualitativement supérieur.
Cette discussion est passée de la confrontation théorique aux « travaux pratiques », lorsque la plateforme B a proposé que la LCR porte une appréciation positive et, donc, signe l’appel « L’alternative à gauche, organisons-la ! », publié dans l’hebdomadaire Politis [1]. Cette proposition a été repoussée (par 85 % des membres de la DN) pour un faisceau de raisons qui touchent tant au contenu (faible) du texte qu’à la présence, parmi les signataires, de responsables politiques – tels Jean-Claude Gayssot – engagés dans des démarches très différentes de la nôtre. Le bureau politique est mandaté pour écrire une contribution donnant le point de vue de la LCR, qui devrait être publiée par Politis. [2]
Le reste de la réunion de la DN a été consacré aux perspectives de nouveau parti anticapitaliste, à la fois en réunions plénières et en commissions. Ces travaux ont permis d’établir un état des lieux – prometteur… – du processus : nombre de comités déjà constitués ou en construction, fréquentation des réunions, nature des discussions et des problèmes soulevés [3]. La rencontre nationale des collectifs « nouveau parti », programmée le week-end des 28 et 29 juin, constituera une étape décisive de ce processus. Pour en assurer le succès, la DN a adopté (76 %) une série de propositions sur son organisation [4]. Outre la mise en commun des expériences, deux objectifs principaux ont été retenus : l’adoption d’un texte de définition politique du projet par ses acteurs eux-mêmes, et la mise en place d’un comité de coordination associant largement à la direction de la LCR des militants et des militantes d’autres origines politiques ou sans histoire politique antérieure, mais engagés résolument dans l’aventure. Enfin, la DN a voté (85 %) un document traitant de quelques questions politiques et programmatiques, qui sera la contribution de la LCR aux débats d’orientation des collectifs et de la rencontre nationale. Ce document est mis en ligne et consultable sur le site de la LCR [5].
La DN a également décidé d’élire au bureau politique une représentante de la plateforme C (3 % des votes lors du dernier congrès), qui n’y était pas représentée du fait de l’application de la proportionnelle. Il est en effet apparu qu’avec la construction du nouveau parti anticapitaliste, la LCR était engagée dans un processus inédit, impliquant à terme son dépassement, ce qui implique l’investissement résolu de toute l’organisation et de sa direction.