Pour la première fois, des textes alternatifs pouvaient être soumis aux membres du PCF, à condition d’être signés par 200 militants venant d’au moins dix départements. Deux projets ont donc été soumis à la discussion, en plus de celui présenté par Marie-George Buffet et la majorité de la direction. Les militants avaient à voter pour savoir lequel des documents devait devenir la base de débat et d’amendements. Selon la direction, sur 78 779 adhérents à jour de leur cotisation, 39 692 ont pris part au scrutin, soit un peu plus de 50 %.
Le premier texte oppositionnel a obtenu 24 % des voix. Signé par le député-maire de Vénissieux, André Gérin, et quelques figures très connues de l’histoire du PCF, comme Henri Martin ou Henri Alleg, il dénonce, au nom de la lutte de classe, la politique liquidatrice de la direction, critique les concessions au PS, sans pour autant remettre en cause la participation gouvernementale. L’autre document, « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme », signé par des militants de Paris ou de Toulouse, a recueilli 15 % des voix. Cette tendance, liée à un groupe proche d’un courant trotskyste anglais ayant eu une forte influence dans le Labour Party, propose un texte anticapitaliste et radical sans, lui non plus, « exclure d’avance toute participation gouvernementale ».
Les refondateurs, partisans de Robert Hue et de Jean-Claude Gayssot et les communistes unitaires, qui ont présenté une contribution mais sans la mettre aux voix, ont appelé à l’abstention ou au vote nul. Il semble que, désormais, les jeux soient faits. La secrétaire nationale, aidée par les anciens partisans de Georges Marchais, qui préparent des amendements, va l’emporter sur la ligne d’aller au gouvernement avec le PS et toute la gauche sur une base antilibérale, tout en maintenant un PCF capable de sauver ses 7 à 8 000 élus.
Les communistes unitaires vont, sans doute, pour une partie d’entre eux, quitter le PCF pour participer, avec ce qui reste des collectifs antilibéraux, des alter-Ekolos et des Alternatifs, à la construction d’une Fédération à la gauche de la gauche qui, selon eux, ne sera pas que protestataire, comme le NPA. Pour Pierre Zarka ou Roger Martelli, il est temps de dissoudre le PCF et de s’intégrer, comme courant communiste, dans une force nouvelle. Pour ces militants, il n’y a qu’une seule gauche pour aller au gouvernement, mais les antilibéraux doivent en gagner l’hégémonie.
Toutes les sensibilités organisées du PCF n’envisagent le changement de société qu’à travers des majorités électorales dans les institutions. Les désaccords entre eux portent sur les rapports entre élections et mobilisations, ou sur la façon de construire l’unité avec le reste de la gauche réformiste. Chez les militants, les choix sont plus ouverts et les débats, nécessaires, avec le NPA ne font que commencer.