Le plafond d’une usine de fabrication de chaussures d’un fournisseur taïwanais (Wing Star Shoes) du groupe japonais Asics s’est effondré jeudi 16 mai au Cambodge, tuant deux personnes, trois semaines après la mort de plus d’un millier d’ouvriers du textile au Bangladesh. « Deux ouvriers – un homme et une femme – ont été tués et six autres ont été blessés », a indiqué le chef de la police du district. Un autre bilan fait état de trois morts.
« Nous ne pouvons dire combien de personnes sont coincées sous les décombres », a-t-il ajouté, expliquant que le plafond avait rompu au-dessus d’une allée circulant entre les machines. « Tous les jours, plus de 100 ouvriers travaillent là, mais je ne sais pas combien travaillaient ce matin, a déclaré Sokny, une ouvrière de 29 ans. Je suis si choquée. J’ai vu du sang venir des décombres. »
En avril, le tragique effondrement d’un immeuble du secteur textile au Bangladesh a fait 1 125 morts. Un drame qui a souligné les conditions épouvantables dans lesquelles travaillent au quotidien les ouvriers du textile et de la confection dans certains pays asiatiques.
UN DES ENDROITS LES MOINS CHERS AU MONDE
Au Cambodge, où le textile est une source de revenus majeure, des scènes d’évanouissements collectifs ces dernières années ont servi d’alarme. Un phénomène attribué par les syndicats au surmenage, à la sous-alimentation et à la mauvaise ventilation des ateliers. Les grèves et manifestations se sont multipliées. Certaines ont même dégénéré, comme en février 2012, lorsque trois ouvrières ont été blessées par un homme qui a ouvert le feu.
Quelque 650 000 ouvriers travaillent dans le textile dans le pays dont 400 000 pour des sociétés exportatrices. L’Organisation internationale du travail (OIT), qui inspecte régulièrement les usines du pays, a appelé à un nouvel accord de branche entre gouvernement, patrons et syndicats.
« A part le Bangladesh, le Cambodge est l’un des endroits les moins chers au monde pour produire des vêtements », estimait en mars Jill Tucker, en charge d’un programme de l’OIT au Cambodge. Plusieurs grandes marques mondiales de confection produisent sur place, notamment Puma, Gap, H&M ou encore Levi Strauss.
En octobre dernier, le PDG du géant suédois du textile Hennes & Mauritz (H&M), Karl-Johan Persson, avait démenti des accusations portées dans un documentaire selon lesquelles le groupe cherche à maintenir des salaires de misère à ses fabricants.