Le cadre avait été donné par le rapport Gallois : « Les circonstances de la Deuxième Guerre mondiale et de la Libération avaient permis d’élaborer, en 1946, un Pacte qui a permis les Trente glorieuses ; chacun sent aujourd’hui que ce pacte négocié il y a 60 ans est à bout de souffle, qu’il ne fonctionne plus et qu’il « fossilise » le dialogue social. Il faut en bâtir un nouveau.
Trois concertations ou négociations majeures sont menées simultanément. La concertation sur le financement de la protection sociale, la négociation sur les institutions représentatives des personnels, celle, enfin, sur la sécurisation de l’emploi. Ces trois processus constituent un ensemble d’où peut justement émerger ce nouveau pacte.
Les partenaires sociaux sont donc face à une responsabilité que l’on peut qualifier, sans grandiloquence, d’historique. Nous pensons qu’un nouveau pacte social, plus dynamique, adapté aux révolutions que nous traversons, est une clé incontournable de la compétitivité. Sans un tel pacte, les développements qui précèdent dans les cinq premières parties perdent une part de leur portée. »
« C’est pas dans les salons que l’on obtiendra satisfaction »…
Si les retraites sont l’enjeu immédiat de la Conférence sociale, toute la protection sociale est dans le collimateur : retraites, chômage, Sécurité sociale, formation professionnelle. Seule cette dernière pourrait relever du donnant-donnant, avec un partage du gâteau entre patronat et syndicats, pour maintenir la tête hors de l’eau aux syndicats-croupions CGC et CFTC jusqu’à la prochaine validation de la représentativité syndicale.
Pour le gouvernement, il y aurait urgence. Pourtant, contrairement à ce que les médias répandent, il n’y a ni catastrophe ni urgence. Les projections du très consensuel Conseil d’orientation des retraites montrent que le besoin de financement à l’horizon 2020 équivaut à 1 % de la richesse nationale. À l’horizon 2060, c’est-à-dire lorsque les jeunes d’aujourd’hui prendront leur retraite, il serait d’un peu moins de 3 %, et cela dans le pire scénario…
Sur l’ANI, il y avait un semblant de négociation, même si cela a débouché sur des « avancées » bidons (formation professionnelle, chômage, droit des salariés), des reculs masqués (complémentaire maladie) et de graves attaques (liberté plus grande de licencier, de réduire les salaires et d’aggraver les conditions de travail).
Pour la contre-réforme Hollande-Ayrault-Touraine, il n’y a rien à négocier : tous les efforts sont supportés par les salariéEs et les retraitéEs. Ce ne sont pas les rassemblements-alibis à l’initiative de la Confédération européenne des syndicats du 19 juin qui peuvent servir de point de départ à la mobilisation contre ces mesures. La timide initiative de l’UD CGT Paris et la déclaration signée par le NPA, Alternative libertaire, les Alternatifs et la CNT [1] indiquent la voie à suivre : c’est bien dans la rue que ça doit se passer.
Robert Pelletier
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 200 (20/06/13).
Conférence sociale : le NPA prépare une opération « coup de poing »
Olivier Besancenot, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), a annoncé une opération « coup de poing » jeudi soir pour rejoindre depuis le Trocadéro le Conseil économique, social et environnemental, où se tiendra jeudi et vendredi la conférence sociale, à la suite d’une interdiction de la préfecture.
« Pour la première fois, la préfecture nous a refusé un rassemblement unitaire sous les fenêtres de la conférence sociale », a-t-il déclaré mercredi soir à l’AFP.
« Du coup, on va transformer ce rassemblement en une petite action coup de poing en se retrouvant au Trocadéro et on se débrouillera pour aller quand même sous les fenêtres de la conférence sociale », a-t-il ajouté.
Les manifestant entendent se rassembler à 18H00 au Trocadéro. « Puisque ça nous est interdit, on va quand même y aller... jouer au chat et à la souris. Cela ne sera pas agressif mais ça sera visuel et spectaculaire »,
a-t-il promis.
Le NPA avait appelé fin mai « toute la gauche sociale et politique, non gouvernementale » à manifester les 20 et 21 juin lors de la conférence sociale sur les retraites "pour faire entendre sous les fenêtres de la conférence la
voix de tous les opposants" à ce projet.
PARIS, 19 juin 2013 (AFP)
Le rapport Moreau : des attaques supplémentaires contre les salariéEs et les retraitéEs
Les pistes proposées par le rapport Moreau pour une prétendue sauvegarde de notre système de retraites par répartition ne sont au final que des attaques supplémentaires contre les salariéEs et les retraitéEs .
Contrairement à ce que gouvernement et médias répandent il y a ni catastrophe ni urgence : Les projections du très consensuel Conseil d’orientation des retraites montrent que le besoin de financement à l’horizon 2020 équivaut à 1% de la richesse nationale. A l’horizon 2060, c’est-à-dire lorsque les jeunes d’aujourd’hui prendront leur retraite, il serait d’un peu moins de 3% dans le pire scénario.
En ce qui concerne les prétendus avantages des salariéE du public, toujours selon le COR, malgré des règles différentes de calcul des pensions, les taux de remplacement (du salaire ) médian des salaires du secteur privé et du secteur public sont proches (respectivement 74, 5% et 75, 2%). SalariéEs du Public et du privé partagent la même durée de cotisation 41, 5 ans. Les âges de départ sont aussi très proches : 61, 5% pour les fonctionnaires dits sédentaires, 62 ans dans le privé. Seule différence notable les agents du public des services actifs.
Les propositions mises sur la table des négociations sont toutes plus inacceptables les unes que les autres. Avec l’allongement de la durée d’activité de 41, 5 à 43 ou 44 ans, l’alignement du taux de CSG sur celui des actifs, la sous indexation des retraites, la suppression de l’abattement d’impôt de 10%, fiscalisation de la majoration de retraite pour 3 enfants, l’augmentation de cotisation-retraite de 0, 1%, le calcul sur 3 à 10 dernières années pour les fonctionnaires, les efforts dont le gouvernement prétend qu’ils ne seraient pas écrasants ne seraient supportés que par les salariéEs et les retraitéEs.
D’une part, cela signifie par exemple qu’un jeune, ayant fait plusieurs années d’études et entrant dans la vie active à 25 ans, devrait cotiser jusqu’à l’âge de 69 ans s’il veut obtenir une retraite à taux plein.
D’autre part les retraitéEs subiraient immédiatement une baisse de plusieurs % de leurs pensions ou retraites. Evidemment les rapaces des retraites complémentaires privées se tiennent prêts à prendre la relève pour celles et ceux qui en auront les moyens.
L’insuffisance de financement du système de retraite est du à la progression du chômage, aux cadeaux fait au patronat, à la baisse de la part des salaires dans les richesses. Pour assurer vraiment le financement des retraites et pensions et notamment supprimer les inégalité hommes-femmes, il faut augmenter les salaires, supprimer toutes les exonérations patronales et répartir le travail pour permettre à toutes et tous de travailler.
Ce n’est pas par des concertations bidons, un nouveau Sommet social que nous ferons renoncer le gouvernement à ses projets. Le NPA appelle à la mobilisation, dès le 20 juin contre ce nouveau recul social.
NPA, Montreuil, le 14 juin 2013