LA LETTRE DE RENE PASSET
La fraude est avérée et il n’y a pas de fraude sans fraudeur. Vous tenez à votre anonymat et l’on vous comprend : chacun a ses petits jardins secrets… et puis, peut-être aussi subsiste-t-il, quelque part au fond de vous, une chose infime qui ressemblerait à ce qui, chez les autres, s’appelle la conscience et vous inciterait à ne pas vous sentir trop fiers… hypothèse hardie j’en conviens. Ce qui est gênant pour vous, c’est que vos postures vertueuses ne trompent que ceux qui veulent être trompés : plus vous criez « au loup ! », comme on pouvait s’y attendre, et plus vous vous démasquez vous-mêmes… car, quoi que vous fassiez, il y a dans votre attitude quelque chose qui sonne faux.
Vous vous croyez habiles et je vous plains. Comment pouvez-vous trahir délibérément tant d’espoirs que nous avons fait naître, tant de grandes choses que nous avons réalisées ensemble, tant de confiance que les militants avaient placée en nous ? J’essaie d’imaginer le sens d’une vie construite sur la tromperie et le mensonge pour prix d’un pouvoir dérisoire. Pauvres gens ! Quel « autre monde » nous inviterez-vous désormais à construire ? Un monde appartenant aux canailles et aux fraudeurs ? Ne vous fatiguez pas, c’est déjà fait.
Je doute hélas que la pensée de tous ces militants qui vous ont fait confiance, la pensée de tout le mal que vous faites - en France et à
l’étranger - à la cause que vous prétendez servir, vous conduise à un sursaut quelconque.
Je vous laisse donc en face de vous-mêmes.
René Passet
ANNEXE
J’ai pris sur moi de rapprocher la dernière lettre en date de Jacques Nikonoff, du 6 octobre 2006, de la lettre ouverte de René Passet du même jour. Une manière d’exprimer ce que je ressens à la lecture de cette incroyable prose de Nikonoff et de me joindre aux réactions que ses précédentes déclarations ont suscitées...
Pierre Rousset
LETTRE DE JACQUES NIKONOFF AUX ADHERENTS D’ATTAC
J’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection du prochain Conseil d’administration. En voici les raisons :
Le 5 septembre dernier, dans un texte intitulé « Electrochoc », j’appelais au retrait de tous les dirigeants de l’association ayant participé aux affrontements de ces dernières années afin de trouver une issue à la crise qui est en train d’anéantir Attac. C’est en effet au sein des instances dirigeantes de l’association – Conseil d’administration, Collège des fondateurs, Conseil scientifique – que sont nées toutes les crises qui ont secoué l’association, la dernière étant l’incapacité collective à organiser correctement les élections créant les conditions de la fraude qui a suivi. Ces dirigeants doivent donc se retirer et permettre la promotion de nouveaux responsables qui seuls pourront nous insuffler vigueur et espoir. Il faut donner de nouvelles forces propulsives à l’association.
Sortir de la crise passe nécessairement par le retrait immédiat des animateurs de ces trois instances et leur engagement à ne pas se présenter aux prochaines élections du CA. Il ne s’agit aucunement d’une sanction individuelle contre tel ou telle, mais d’un acte de courage et de responsabilité. Si ces différents retraits volontaires ne devaient pas intervenir dans les prochains jours, ce sont les adhérents, lors de l’élection de décembre, qui devront en tirer toutes les conséquences. L’apaisement et la sortie de la crise ne pourront alors s’envisager qu’en votant NON à la liste des fondateurs (j’ajoute qu’il ne s’agit pas de rejeter les fondateurs mais de sortir leurs représentants des jeux de pouvoirs dans lesquels la majorité d’entre eux a entraîné Attac). Il faudra également « sortir les sortants », c’est-à-dire les candidats sollicitant un troisième ou quatrième mandat, ainsi que tous les candidats qui auront, au fil du temps, par leurs propos et comportements, jeté constamment de l’huile sur le feu comme, par exemple, les animateurs du Conseil scientifique qui se porteraient candidats au CA.
Dans ma déclaration du 29 septembre je rappelais qu’il n’était pas dans mes habitudes de me défausser et que j’assumais toute la responsabilité de la situation tragique dans laquelle se trouvait Attac. C’est la raison pour laquelle je vais au bout de ce que me dicte ma conscience, en ne sollicitant pas un nouveau mandat au Conseil d’administration. J’espère simplement que l’on se souviendra aussi, dans mon bilan, de ce que je considère comme étant les deux points marquants de ma présidence : les débuts de la démocratisation d’Attac et la victoire du 29 mai lors du référendum sur le TCE.
Attac, ses adhérents et ses Comités locaux pourront toujours compter sur moi.
Jacques Nikonoff,
Le 6 octobre 2006