Un nouveau déluge de feu s’abat sur les quartiers libérés d’Alep-Est qui ne sont plus sous domination du régime Assad, ni des groupes djihadistes comme l’Etat Islamique ou Fateh al-Sham (ex Jabhat al-Nusra). Ces quartiers libérés comptent encore environ 375’000 habitant•e•s, dont 120’000 enfants, depuis l’échec d’une énième trêve, qui n’aura duré que quelques semaines.
En même temps, les forces armées pro-régime, en quasi majorité des groupes armés fondamentalistes chiites non syriens, ont lancé une offensive militaire au sol contre Alep-Est. La Russie, qui intervient en Syrie depuis plus d’un an pour soutenir le régime Assad, participe aux bombardements aériens contre les civils syriens qui se trouvent en dehors des zones sous contrôle du régime Assad. L’aviation russe a tué environ 3000 civils depuis son intervention militaire directe débutée en octobre 2015.
Depuis la fin de la trêve, mardi 15 novembre 2016, plus de 330 personnes sont mortes à Alep-Est, tandis qu’on compte plus d’un millier de blessés. Les bombardements de l’aviation syrienne ont notamment détruit les derniers hôpitaux en fonction à Alep et 3 locaux de la protection civile ont été ciblés et mis hors service. Depuis le début du siège d’Alep-Est, en juillet, les hôpitaux ont été systématiquement visés, et aucune aide humanitaire n’a pu être envoyée à ces régions. Les dépôts des ONG locales sont vides et de nombreux habitants souffrent de malnutrition, en plus de subir les bombardements quotidiens de l’aviation du régime Assad.
En même temps, nous nous opposons également aux tirs et lancement de roquettes des groupes de l’opposition armée à Alep-Est contre des civils et infrastructures civils dans les régions sous contrôle du régime Assad à Alep-Ouest qui ont également provoqué la mort de nombreux civils.
Une tendance internationale pour « liquider » la révolution syrienne
Il existe une tendance générale, au niveau mondial, qui veut « liquider » la révolution syrienne et ses aspirations démocratiques au nom de la « guerre contre le terrorisme ». La victoire de Donald Trump aux Etats-Unis renforce cette tendance. Même s’iI est vrai qu’en raison des déclarations variées et contradictoires de Trump sur la politique étrangère, en particulier concernant le Moyen-Orient, il est difficile de prévoir ce qui se passera réellement, la perspective qui se dégage pour la Syrie et le peuple syrien est sombre. Trump a en effet déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaite conclure des accords avec la Russie sur la Syrie, voyant Vladimir Poutine comme un homme capable de combattre le terrorisme. En octobre 2015, il avait loué l’intervention directe de l’aviation russe en appui au régime de Damas. Sous la présidence de Trump, la Russie et les États-Unis seront donc probablement plus enclins à collaborer et à travailler ensemble dans la soi-disant « guerre contre le terrorisme », renforçant et légitimant encore davantage le régime Assad ainsi que d’autres pouvoirs autoritaires.
En France, le candidat victorieux du premier tour des primaires à droite, François Fillon, n’a pas hésité à déclarer, en septembre 2015, qu’il fallait « aider le régime de Bachar el-Assad » ou encore, deux mois plus tard, qu’il fallait se « féliciter que la Russie soit intervenue » et qu’il était nécessaire d’ « engager le dialogue avec Moscou pour bâtir une stratégie commune de reconquête du territoire syrien » pour lutter contre le terrorisme de l’Etat Islamique. En d’autres termes, Fillon souhaite lui aussi collaborer avec la Russie de Poutine en Syrie dans la soi-disant « guerre contre le terrorisme » et donner ainsi une nouvelle légitimité au régime criminel d’Assad.
Face à la guerre sans fin du régime Assad et de ses alliés contre le peuple syrien, face à la volonté croissante des puissants de liquider les aspirations démocratiques de la révolution syrienne, solidaritéS réaffirme son soutien à la lutte du peuple syrien pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité, contre toutes les formes de confessionnalisme et de racisme. Le régime Assad et les mouvements islamiques fondamentalistes constituent des obstacles à cette volonté de changement. solidaritéS dénonce également toutes les interventions étrangères qui s’opposent aux aspirations de changements démocratiques en Syrie, que ce soit sous la forme d’un soutien au régime (Russie, Iran, Hezbollah) ou en se proclamant « amis du peuple syrien » (Arabie Saoudite, Qatar et Turquie).
– Non au régime Assad et aux mouvements islamiques fondamentalistes !
– Non à toutes les interventions étrangères !
– Non à l’impunité pour tous les auteurs de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre !
– Pour l’arrêt immédiat des bombardements sur Alep et sur les autres régions de Syrie !
– Pour l’acheminement immédiat de l’aide humanitaire à toutes les zones assiégées !
– Pour le retour des millions de réfugiés et de déplacés dans leurs foyers et pour la libération de tous les prisonniers politiques !
– Pour une Syrie démocratique, sociale, laïque et pour l’auto-détermination du peuple kurde !
23 novembre 2016
solidaritéS (CH)
Contact : Joseph Daher