La présidence du gouvernement vient de publier la liste des nouveaux délégués de six des 24 gouvernorats. Ils sont au nombre de 114, répartis selon leur appartenance politique comme suit :
– Nidaa Tounès : 34,
– En-Nahdha : 27,
– Afek Tounès : 10,
– Aljoumhouri : 3,
– Almoubadara : 4,
– Al Masar : 2.
Les 34 restants, des « indépendants » parmi les agents de l’administration tunisienne.
Ces nouvelles nominations coïncident avec l’adoption de la loi électorale qui va régir les prochaines élections municipales, qui se dérouleront sous le contrôle délégués, ces derniers auront à gérer les affaires municipales après la dissolution des représentations spécifiques.
Des nominations contestées par des partis politiques, des organisations de la société civile et par des citoyens dans plusieurs régions. Parce que, d’une part, la loi interdit l’appartenance des délégués à un parti, et d’une autre, ces nominations ont été faites sur la base du favoritisme et de l’allégeance à un courant ou un parti, tout particulièrement celui de Nidaa.
La compétence et la neutralité n’ont pas été prises en compte même si c’était au prix de l’éviction de délégués compétents, soutenus par la population (Nafta, Takelsa…).
Ces pratiques mettent à nu les allégations du gouvernement Echahed sur la neutralité de la gestion municipale, la lutte contre la corruption. Elle démontrent que les partis de la coalition gouvernementale continuent à considérer les institutions de l’état comme un butin à partager et non comme une administration au service des citoyens.
Nul n’ignore le lien direct entre ces nominations et les élections municipales à venir. Après la dissolution des représentations spécifiques, ce sont les délégués qui seront en charge des affaires municipales et superviseront le scrutin municipal. D’où la course effrénée des partis de la coalition, particulièrement Nidaa et En-Nahdha, pour mettre la main sur un maximum de représentations spécifiques, afin d’instrumentaliser l’administration, en plus de l’utilisation de l’argent sale, pour faire pression sur les électeurs et orienter leur vote.
Tout le monde a pu constater le recours de Nidaa à la nomination des anciens du RCD dissous, des proches du Hafedh Caid Essebssi, essentiellement dans les gouvernorats du grand Tunis et du Sahel, en préparation des élections municipales prévues avant la fin de l’année.
Il est donc flagrant que la coalition gouvernementale, principalement les partis Nidaa et En-Nahdha, s’obstine à torpiller la révolution du peuple tunisien, à anéantir son ambition d’édifier des institutions de gouvernance locale démocratiques et transparentes, au service des citoyens et de l’essor de la patrie.
Ceci ne peut qu’aggraver la crise politique en Tunisie, reléguer encore le traitement des préoccupations urgentes de nos concitoyens et renforcer le pouvoir des lobbys de corruption qui s’enracinent de plus en plus dans les institutions de l’état, pour les mettre au service de leurs intérêts.
Dans ces conditions, nous ne pouvons nous satisfaire de dénoncer ces nouvelles nominations. Nous devons exiger en urgence leur révision selon des critères de compétence et d’intégrité. Deux qualités indispensables à l’administration locale et régionale, compte tenu de la crise que vit le pays, et de la prolifération de la corruption sous toutes ses formes.
Il est du devoir des militantes et des militants du Parti des Travailleurs et du Front Populaire, de soutenir les mobilisations qui commencent dans de nombreuses régions pour refuser la nomination des nouveaux délégués.
Ils doivent être conscients que cette bataille aura des conséquences directes sur le déroulement des prochaines élections municipales et leurs résultats, mais également sur le renforcement des capacités de parvenir à un changement profond, permettant l’édification d’institutions réellement démocratiques et représentatives de la volonté du peuple.