A la veille de 2007, va-t-on accepter de voir réduire la démocratie au choix entre l’ultra-libéralisme autoritaire de Sarkozy et le social-libéralisme de Royal, de devoir se plier à un bipartisme borné ?
Nous voulons combattre et chasser la droite, écarter un Le Pen toujours plus menaçant. Mais nous n’acceptons pas de devoir rallier la simple alternance portée par le Parti socialiste, qui ne peut conduire qu’à de nouveaux échecs.
Nous voulons défendre une vraie alternative, apte à mobiliser les classes populaires et la jeunesse, à changer les rapports entre la politique institutionnelle et le mouvement social. Une alternative qui rende possible un réel changement social, par une rupture franche, sociale et démocratique, avec le libéralisme.
Les succès rencontrés par les meetings unitaires dans diverses villes, lorsque les tribunes symbolisent la diversité d’expériences et de courants qui font la richesse de notre convergence, témoignent que ce projet répond à une forte aspiration populaire.
Avec le texte adopté le 10 septembre et le programme qu’ils élaborent, les collectifs ont posé les bases pour une campagne mobilisatrice et pour un rassemblement durable, apte à changer la donne à gauche.
Certes, tous les problèmes ne sont pas résolus. Nous avons, notamment sur la question des alliances avec le Parti socialiste, des désaccords avec la direction du Parti communiste dès lors que celle-ci avec la formule « rassembler toute la gauche », maintient la possibilité d’un accord avec le Parti socialiste. Pour notre part, nous considérons que le texte du 10 septembre représente un engagement clair à ne pas inscrire notre action dans la perspective d’un gouvernement avec le Parti socialiste : « Nous ne serons pas d’un gouvernement dominé par le social-libéralisme qui, dans sa composition comme dans son projet, ne se donnerait pas les moyens de rompre enfin avec le libéralisme, ne répondrait pas aux attentes. Le Parti socialiste, notamment, a adopté un programme qui tourne le dos à une rupture franche avec le libéralisme. Il est hors de question, pour nous, de négocier sur cette base un contrat de gouvernement dont l’action, décevant une nouvelle fois, déboucherait inéluctablement sur le retour d’une droite plus dure encore ». Et ce n’est certainement pas le choix de Ségolène Royal comme candidate qui peut infirmer un tel jugement !
Nous ne pouvons être d’accord avec la lecture que la direction de la LCR fait du texte du 10 septembre pour expliquer que la direction du Parti communiste entraîne le rassemblement vers une nouvelle Union de la gauche. Et nous sommes en désaccord avec la direction du Parti communiste lorsqu’elle prétexte d’un prétendu désaccord stratégique entre la LCR et le rassemblement unitaire pour exclure un retour de la LCR dans ce rassemblement.
Notre ambition doit être que l’orientation de rupture avec le libéralisme et le social-libéralisme devienne majoritaire à gauche. Pour cela, il faut convaincre le maximum de militants et d’électeurs socialistes que telle est la condition d’un vrai changement. Mais pour y parvenir la clarté est indispensable : pour réaliser ce changement, il faut écarter la perspective de la soumission au social-libéralisme dans le cadre d’un gouvernement du Parti socialiste et d’une majorité parlementaire le soutenant.
C’est un débat qu’il faut poursuivre et clarifier au sein du rassemblement que nous construisons.
Ce rassemblement est indispensable. Il faut en préserver l’unité et la diversité Or, celles-ci sont aujourd’hui menacées du fait des difficultés que représente la question de la candidature.
Le retrait de la candidature de José Bové témoigne des risques de fragilisation et de dispersion du rassemblement.
Dans ce moment décisif, il faut dire clairement les choses.
La direction du Parti communiste considère que la candidature de Marie George Buffet est la seule envisageable pour représenter le rassemblement unitaire. Prétendre imposer ce point de vue c’est aller à l’éclatement et à l’échec.
Les qualités de Marie George Buffet et le rôle décisif du Parti communiste ne sont bien évidemment pas en question. Mais il n’est pas possible de donner l’image d’un rassemblement se construisant autour du Parti communiste. L’exigence est au contraire de respecter la diversité du rassemblement et de permettre une nouvelle relation entre le politique et le mouvement social.
En revanche, il est indispensable que, dans le cadre d’une candidature collective, Marie George Buffet soit une figure majeure de la campagne qu’il faut mener.
Il est également indispensable que José Bové trouve toute sa place dans cette candidature collective. De même qu’Olivier Besancenot, car il faut convaincre toute la LCR de rejoindre le rassemblement. Par ailleurs, ce sera aussi le cas de Jean-Luc Mélenchon, dès lors que PRS et d’autres militants socialistes feront le choix de s’appuyer sur l’alternative au social-libéralisme telle que nos textes sur la stratégie et le programme en jettent les bases.
Pour parvenir à cela, il faut porter sur le bulletin de vote un nom qui fasse trait d’union entre toutes les sensibilités de cette alternative antilibérale, entre toutes et tous les candidats qui les représentent… Lorsque les collectifs mettent en avant les noms de Clémentine Autain et d’Yves Salesse, c’est bien de cette recherche d’un consensus qu’il s’agit, témoignant qu’il est possible de parvenir à une solution qui devrait être acceptable par tout le monde.
Le front qui a été victorieux le 29 mai 2005 peut et doit se reconstituer.
Pour cela il faut que personne ne manque sur la photo, et qu’on travaille à élargir notre rassemblement à nombre d’animateurs du mouvement social, de syndicalistes et d’associatifs, pour donner toute sa force à l’exigence que nous portons de changer radicalement la donne politique à gauche.
Les collectifs, dans leur diversité, avec l’esprit de responsabilité qui est le leur, peuvent franchir cette ultime étape de la candidature, et permettre d’engager la campagne de cette gauche antilibérale à laquelle nous aspirons toutes et tous.