“Deux en un siècle. Les gens seront surpris d’apprendre le faible nombre de grèves auxquelles ont pris part les infirmiers” depuis la naissance de l’État irlandais, estime l’Irish Independent. C’est dire le caractère inhabituel de l’enchaînement de journées d’action prévues ce mois-ci. Sept au total (les 5, 7, 12, 13, 14, 19 et 21 février), après une première grève mercredi 30 janvier, à laquelle quelque 37 000 infirmiers du public ont pris part. Lancé par l’organisation irlandaise des infirmiers et des sages-femmes (Irish Nurses & Midwives Organisation, Inmo), le mouvement devrait toucher 240 établissements et affecter les rendez-vous et les opérations de quelque 100 000 patients.
“Les infirmiers demandent une hausse de salaire d’environ 7 000 euros par an, soit 12 %, explique The Irish Times. Cela alignerait leur rémunération [31 100 euros après une année de pratique] sur celle d’autres professions de santé équivalentes, comme les kinésithérapeutes [37 784 au bout d’un an] et permettrait de lutter contre les problèmes de recrutement et de fidélisation [du personnel infirmier].” Des revalorisations, estimées à 300 millions d’euros au total, écartées par le gouvernement dans le sillage de la première journée d’action la semaine dernière. “Le problème est là : l’exécutif a signé avec les syndicats un accord sur les salaires du public valable jusqu’en 2020. Et les infirmiers en font partie.”
Le gouvernement craint… le Brexit
D’autant que le gouvernement de centre droit fait valoir, outre la crainte d’un effet domino sur les autres secteurs du service public, une menace immédiate sur les finances du pays : le Brexit. “Je ne sais pas où nous en serons dans dix ou douze semaines, a soutenu le Premier ministre Leo Varadkar, en référence à l’incertitude qui plane sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, prévue le 29 mars. Nous serons peut-être dans une situation [en cas de Brexit sans accord et de rétablissement de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande] où il faudra trouver de l’argent en urgence pour sauver des emplois dans l’agroalimentaire ou dans les petites entreprises.” Interrogée dans les colonnes de l’Irish Independent, la secrétaire générale de l’Inmo Phil Ní Sheaghdha a assuré que “notre message est clair. Nous n’allons rien lâcher. Résoudre ce conflit implique un vrai effort de la part du gouvernement, qu’il reconnaisse les problèmes de recrutement et de fidélisation dans notre secteur.”
Pour le journal dublinois, pourtant, peu de chance que les revendications aboutissent. “Le mouvement finira par trouver sa résolution, comme c’est le cas pour toutes les actions de ce type. Mais les salaires n’augmenteront pas de 12 %. Les deux camps se mettront d’accord sur un remède à base de ‘primes’ et ‘d’aménagements des conditions de travail’ qui stabilisera les choses jusqu’à la prochaine session de négociations salariales dans le secteur public.”
Courrier International
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