“Un seul mot d’ordre : ils partiront tous, ‘Itnahaw-ga3’”, relève El-Watan, qui titre en une : “La mobilisation populaire a eu raison de Bouteflika. Aux suivants !” Le quotidien algérien poursuit en titrant dans ses pages : “Acte 7 : Départ de tout le système”. Les Algériens sont descendus dans la rue le 22 février pour dire non à un cinquième mandat de Bouteflika. Le 2 avril, après six semaines de mobilisation, ils ont obtenu gain de cause avec la démission du président. “Une victoire qu’ils veulent la première d’une longue série à remporter. La vigilance reste le maître mot.” Et le combat continue pour demander aux symboles de ce système de partir.
“‘Il faut rester vigilant, la démission de Bouteflika clôt certes le chapitre de son règne, mais pas celui du système corrompu qu’il nous lègue’, avertit Hocine Z., militant de longue date et qui a été de toutes les marches et rassemblements contre ce 5e mandat.”
Même constat sur le site TSA Algérie : dès les premières heures de la matinée, “des manifestants scandent des slogans hostiles au 4B (Bensalah, Belaïz, Bedoui et Bouchareb)”. Il s’agit du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, qui pourrait assurer l’intérim à la tête de l’État ; du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz ; du Premier ministre Noureddine Bedoui, nommé le 11 mars, et du président de l’Assemblée populaire nationale, Mouad Bouchareb.
Saïd Bouteflika, frère du président démissionnaire, est aussi la cible de slogans hostiles. Et en attendant d’autres départs, c’est Athmane Tartag, le chef des services de renseignement, qui a été relevé de ses fonctions ce matin, signale le site algérien, qui note également une présence des services de l’ordre “plus importante que celle des précédents vendredis”.
L’armée redit son soutien
Côté manifestants, qui défilent avec les drapeaux algérien et amazigh (berbère), l’ambiance est toujours pacifique et bon enfant avec une “distribution gratuite d’eau, de sucreries et de nourriture” agrémentée de débats sur les modalités du “départ du système”.
TSA Algérie signale dans un autre article que “l’armée nationale a réaffirmé, ce vendredi 5 avril dans le dernier numéro de son organe officiel El-Djaich, son soutien aux revendications populaires”.
Ainsi, dans son éditorial “La voix du peuple est souveraine”, El-Djaich (“l’armée”) souligne son attachement à la voie constitutionnelle pour trouver une solution à la crise, dénonce certaines parties qui voudraient nuire à l’image de l’institution militaire, à sa crédibilité et à la relation qui la lie au peuple.
Se berce d’illusions celui qui croit que tel ou tel plan pourrait tromper le peuple, tant le lien étroit qui le lie à son armée s’est renforcé et consolidé ces dernières années, au point que ces vociférations qui s’élèvent, au service d’intérêts personnels étroits et au détriment des intérêts suprêmes de la patrie, ne sauraient, en aucune circonstance, le rompre.”
L’armée envoie un message sans ambiguïté soutenant “les revendications légitimes clairement exprimées par le peuple”, et le slogan “Djeich, chaab, khawa khawa” (“armée, peuple, on est des frères”) est le “plus répété par les manifestants”, relève le site.
Toutefois, El-Watan signale que ce matin à Alger “des banderoles géantes ont été suspendues aux alentours de la grande poste pour exiger ‘le départ du gouvernement Bedoui, de Bensalah et de Gaïd Salah [le chef de l’armée]’”. TSA pour sa part relève les slogans brandis sur des pancartes : “Gaïd Salah le peuple n’est pas dupe”, “Gaïd Salah laissez le peuple décider de son destin”.
Pour les manifestants descendus dans la rue ce vendredi 5 avril, note TSA : “Bouteflika n’est plus là, il reste sa bande.”
Hoda Saliby
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