Chronique d’un désastre annoncé ! Hier, c’étaient les urgences qui craquaient à l’approche de l’été. Aujourd’hui, il suffit de l’arrivée de la bronchiolite du nourrisson pour révéler l’étendue de la catastrophe hospitalière, faite d’austérité sans fin et de désespoir des personnelEs. Pour ne pas avoir à redire demain la même chose avec la grippe associée à une nouvelle vague covid, il faut bâtir une convergence des personnelEs de santé et des usagerEs, pour en finir avec la lente agonie de l’hôpital public !
Un rustine de 400 millions d’euros
Sept mille soignantEs en pédiatrie ont signé une lettre ouverte au président de la République fin octobre, pour témoigner du manque de personnel et des fermetures de lits de pédiatrie, des services débordés face au début d’épidémie de bronchiolite qui doivent refuser des prises en charge pourtant urgentes, organiser en catastrophe les transferts de nourrissons à plusieurs centaines de kilomètres, ce qui demain sera impossible au pic de l’épidémie, quand toutes les régions seront saturées. Il n’est même pas possible de mobiliser la réanimation pédiatrique privée, cela n’existe pas. Pas assez rentable !
Face au scandale, le gouvernement a lâché 150, puis 400 millions d’euros. Une rustine qui ne calme pas la colère des soignantEs. D’autant qu’avec une loi de financement de la Sécu 2023 à + 4,1 % pour l’hôpital, soit moins que l’inflation, l’horizon est toujours celui des réductions de personnelEs, des fermetures de lits, des reports d’interventions chirurgicales ou de chimiothérapies, de la mise en danger des personnelEs et du risque accru pour les patientEs d’erreur médicale, bref de l’effondrement de l’hôpital public.
La colère des soignantEs intacte
Tribunes dans la presse, délégation devant l’Élysée, associations de malades (aide aux jeunes diabétiques, maladie foie enfants…) et des collectifs de soignantEs (collectif inter-hôpitaux, collectif inter-urgences, coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité) qui attaquent l’État en justice pour « carence fautive », la colère est bien présente parmi les personnelEs, et les médias en ont largement fait un sujet politique.
Reste à transformer la colère en mobilisation, et c’est actuellement difficile en santé. Au CHU de Rouen, le chef du service des urgences a osé comparer ses internes en médecine en grève à des « terroristes » qui font « comme les ouvriers des raffineries » et qui se mettent en grève.
PersonnelEs des urgences, de pédiatrie, des hôpitaux, internes, et si toutes et tous ensemble avec le soutien des usagerEs, des syndicats, des associations de malades, nous disions « chiche » !
Toutes et tous ensemble, en grève pour nos salaires, nos heures supplémentaires et de nuit revalorisées et leur distribution à toutes les catégories, nos lits, nos patientEs et le droit à la santé !
Frank Prouhet