Sans aucun doute, la grève nationale de jeudi dernier 19 a été une démonstration politique puissante, massive, énergique et combative au niveau national, de rejet et de condamnation du régime dictatorial de Dina Boluarte, de son cabinet ministériel, du Congrès mafieux et de l’escalade répressive et meurtrière qui a coûté la vie à plus de cinquante compatriotes, meurtres qui ne doivent pas rester impunis. L’état d’urgence, dont Boluarte entendait qu’il immobiliserait et ferait taire les cris de refus et l’indignation de 71% de la population, n’a pas atteint son objectif. Des millions d’entre nous sont descendus dans la rue et le mouvement reste ferme, malgré les arrestations, le « terruqueo » [qui consiste à assimiler tout manifestant à un terroriste], l’utilisation indiscriminée des forces policières et militaires qui, hier encore, ont fait de nouvelles victimes ; malgré cela, le mouvement s’étend à l’échelle nationale, il se renforce parce que nous agissons avec la conviction que ce sont nous qui les avons mis au gouvernement et que maintenant, nous avons tous les droits et toutes les raisons, pour exiger qu’ils partent tous.
Si Dina Boluarte, la droite réactionnaire et leurs députés l’avaient compris, rien de ce qui se passe actuellement n’arriverait et la sortie de crise serait sur la bonne voie, mais malheureusement ce n’est pas le cas, car les puissants intérêts politiques et économiques de la droite sont en jeu : C’est le contrôle de l’État, la défense du système qu’ils sentent menacés, c’est la défense de leurs entreprises, de leurs privilèges, C’est pourquoi ils résistent au changement et c’est aussi pourquoi le peuple démontre tant de fermeté, d’unité et de maturité dans la lutte pour les changements structurels. Ces changements structurels pour lesquels nous avons voté lors des dernières élections et dont aujourd’hui nous réaffirmons l’exigence dans la lutte directe dans la rue et pour lesquels nous devons consolider l’unité et continuer la bataille.
Nous saluons l’effort et la conviction des camarades venus de différentes régions du pays qui ont été arbitrairement détenus, réprimés aux points de contrôle de la police avec l’intention d’empêcher leur arrivée dans la ville de Lima, mais qui, surmontant toutes les difficultés, étaient finalement présents, ont pris leur place dans nos rangs, formant la marée humaine qui a rempli et fait vibrer les places, les rues, les quartiers résidentiels de notre capitale, en scandant ensemble les mots d’ordre de "Dehors Dina Boluarte ! … Fermeture du Congrès !... Elections immédiates !... Assemblée constituante ! C’est l’unité, la fraternité et la solidarité qui définiront le cours politique du pays.
Ce n’est donc pas l’envoi d’une armée de policiers, ni la militarisation du pays pour massacrer le peuple, ni la déclaration de l’état d’urgence, ni le couvre-feu comme le réclament les héritiers du Fujimontesinisme [de l’ex dictateur Alberto Fujimori et Valdimiro Montesino, son conseiller et chef du service secret]. La solution, Mme Dina, c’est votre démission et la prise en compte immédiate des demandes que des millions de Péruviens réclament au niveau national. L’opinion publique internationale : gouvernements et organisations civiles et démocratiques, expriment leur solidarité avec le peuple péruvien et exigent que le massacre cesse et que la démocratie et le respect des droits de l’homme soient rétablis.
Cependant, hier soir, dans un message à la nation, Mme Dina, hautaine et menaçante, a réaffirmé qu’elle continuera dans la position qu’elle a usurpée et a annoncé qu’elle va réprimer avec plus de force, en s’appuyant sur le seul soutien dont elle dispose : la police, les forces armées et ce qui est encore plus grave, une lettre circule sur les réseaux dans laquelle elle demande au Congrès d’autoriser l’entrée de forces armées étrangères, avec des armes de guerre, sur le territoire national. C’est tout simplement trahir le pays, un fait que nous dénonçons et rejetons fermement et que le peuple ne permettra pas. Où sont vos appels au dialogue ? Où est la paix, l’ordre dont vous vous réclamez ?
Depuis Súmate - Nuevo Perú, avec le peuple, nous rejetons toutes les mesures répressives et nous réaffirmons que nous continuerons dans ce processus de lutte historique et sans précédent, supérieur à la « Marche des 4 Suyos » qui a mis fin à la dictature de Fujimori en 2000. Aujourd’hui, une nouvelle étape de la lutte politique s’ouvre. La conscience populaire de milliers de personnes n’accepte ni les dictatures, ni l’autoritarisme, ni les bricolages répétés d’un modèle économique qui n’a fait qu’engraisser les portefeuilles des groupes au pouvoir,. Nous voulons des changements fondamentaux en faveur des majorités oubliées par les gouvernements en place, pour cela, l’acceptation d’une Assemblée constituante libre et souveraine pour enterrer définitivement la Constitution de 1993 et reconstruire le pays sur de nouvelles bases se développe.
Cette lutte n’est pas terminée, la force et la conviction du peuple sont intactes. Nous avons besoin de la plus grande unité d’action dans les rues, une plus grande centralisation et direction est urgente, profitons de la présence à Lima de milliers de frères et sœurs des régions pour nous organiser et tenir une grande assemblée générale avec des mécanismes démocratiques et représentatifs, pour construire un organe centralisateur, pour discuter et approuver un plan de lutte jusqu’à ce que nous renversions l’usurpatrice et assassine Dina Boluarte. Que les centrales syndicales mettent tout leur appareil au service de cette assemblée.
DINA HORS DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
NON A LA MILITARISATION DU PAYS
REJET TOTAL ET ÉNERGIQUE DE LA PRÉSENCE DE TROUPES ÉTRANGÈRES
STOP A LA RÉPRESSION ET AUX MEURTRES
ÉLECTIONS GÉNÉRALES, ASSEMBLÉE CONSTITUANTE
Lima. 20 janvier 2023
SUMATE-NUEVO PERÚ