La résolution politique adoptée par la direction nationale (DN) de la LCR (60 % pour, 23 % contre, 17 % d’abstentions) revient sur l’analyse de la victoire de Sarkozy, mais aussi sur l’avertissement que constituent pour la majorité le deuxième tour des élections législatives et l’existence toujours vivace d’éléments de résistance à l’offensive libérale. Les tâches qui découlent de cette situation sont, pour l’essentiel, l’organisation de la résistance la plus large possible sur les principaux dossiers du moment, en riposte aux projets de loi du nouveau pouvoir : soins médicaux, droits des sans-papiers, droit de grève, emploi et pouvoir d’achat. Sans compter, au niveau plus spécifiquement politique, les avancées possibles dans le regroupement des anticapitalistes...
Un second projet de résolution politique insistait davantage sur les contradictions de plus en plus visibles entre les propos électoraux populistes de Sarkozy et la politique concrète qu’il met en œuvre, l’appréciation de la victoire de Sarkozy comme étant d’abord le produit de la faillite de la gauche, les conséquences de cette nouvelle situation politique sur la perspective d’un nouveau parti anticapitaliste, qui est elle-même l’aboutissement d’un processus plus global à l’œuvre depuis 1995 (offensive libérale, crise de la gauche, montée de l’influence de l’extrême gauche). Ce projet a recueilli 13 % de voix pour, 51 % contre, 26 % d’abstentions et 10 % de non-participation au vote. Un troisième projet de résolution (30 % pour, 70 % contre) mettait l’accent sur la nécessité d’initiatives de vigilance et de riposte, insistant sur le fait que « les résistances sociales seront d’autant plus fortes et déterminées qu’elles pourront s’appuyer sur des éléments d’alternative sur le champ politique », et plaidant pour que la LCR, « tout en travaillant à son renforcement et à sa transformation, fasse avancer concrètement la perspective d’une nouvelle force à gauche ».
De fait, l’essentiel de la discussion, lors de cette DN, s’est cristallisé sur la question du processus de fondation d’un nouveau parti anticapitaliste. Une large majorité de la direction (71 % pour, 23 % contre) s’est dégagée pour soumettre au débat de l’organisation la perspective de chercher à fonder, avec tous ceux et celles qui le souhaitent, un nouveau parti politique anticapitaliste, afin de « défendre un programme d’urgence anticapitaliste, à l’image de celui qu’a porté Olivier Besancenot à la présidentielle », et lutter sans concession contre la politique du gouvernement, dans le cadre d’un refus de toute alliance institutionnelle avec le PS. Cette démarche devrait articuler débats dans la LCR, réunions publiques dès la rentrée, présentation d’un maximum de listes anticapitalistes indépendantes du PS aux élections municipales, puis la tenue d’assises départementales et nationales, le congrès national de la LCR permettant d’effectuer un bilan d’étape. Il s’agit essentiellement d’une prise de position politique indiquant la direction dans laquelle la LCR souhaite s’engager, afin de permettre que la discussion commence, modalités et rythmes restant largement à définir (lire page 13). Mais l’idée de base est la nécessité d’apporter une réponse politique à la hauteur des enjeux qu’ont révélés ces derniers mois.
De manière alternative, une minorité de la DN (29 % pour, 68 % contre) insistait sur l’idée que « ce nouveau parti ne saurait résulter de la volonté et des décisions d’une seule organisation », mais nécessitait « l’engagement de débats de fond, la définition d’étapes dans les engagements communs de forces porteuses de traditions et d’expériences différentes », à commencer par la participation « aux débats et initiatives qui voient le jour, sous forme de carrefours et de forums », ainsi que la proposition « à l’occasion des prochaines élections municipales, de listes unitaires larges ».
Tel sera, à n’en pas douter, l’enjeu principal des débats du prochain congrès national de la LCR (décembre 2007), dont Rouge se fera l’écho.