Alors que le Nouvel Observateur poursuit, avec une tribune de Laurent Fabius, sa saga estivale sur la « refondation » de la gauche, les éditorialistes de l’Express et du Point continuent de s’émerveiller sur les audaces de Sarkozy : ouverture et chantier de la rénovation des institutions. Forcés de constater l’hyper-concentration des pouvoirs, ils veulent néanmoins croire, tel Alain Duhamel (Le Point) à la revitalisation du Parlement : « Un rééquilibrage serait donc plus que bienvenu : nécessaire. »
Dans l’Express, Christophe Barbier se fait lyrique : « Si Nicolas Sarkozy est prêt à réveiller les vertus institutionnelles de la République éternelle, alors il sera vraiment président. » La République éternelle ? Il y va un peu fort ! Il est vrai que Duhamel, sur la base du discours d’Épinal de Sarkozy, croit pouvoir pronostiquer : « Il élargira vraisemblablement les droits des citoyens en mettant sur pied une procédure de pétition pour garantir que puisse être posée une question sous forme référendaire ou parlementaire. »
De fait, Sarkozy vient surtout de décider de se dispenser de consulter les citoyens sur son mini-traité européen, véritable resucée de la Constitution européenne, celle-là même qui avait été rejetée le 29 mai 2005 ! Claude Imbert (Le Point) vend la mèche à propos des manœuvres sarkozyennes : « La stratégie de Sarkozy vise en fait un assentiment plus large que celui qui l’a fait élire. » Afin de pousser les feux des contre-réformes libérales. Car, « il faut bien convenir qu’aujourd’hui, au-delà des bastions syndicaux à forte nuisance publique, toujours rétifs à la réforme, des pans entiers de la société restent, chez nous, imprégnés de la bigoterie socialisante du siècle passé ».
Significativement titré « Sarkozy et l’exception française », l’éditorial de Claude Imbert tente d’exorciser l’obstacle qu’il pressent : les capacités de résistance de la société française et du monde du travail à l’ordre néolibéral et mondialisé, maintes fois démontrées depuis 1995. Qu’il le fasse en usant d’un vocabulaire « imprégné » d’une véritable haine de classe illustre assez clairement son inquiétude...