Le député de Moselle, M. Pierre Lang, vient de remettre au ministre de l’écologie M. Borloo son rapport sur la notion d’espèce « nuisible ». A l’heure où la société prend conscience du rôle et de l’importance de la biodiversité pour notre avenir, où les états se mobilisent pour enrayer son déclin, on pouvait espérer trouver dans ce rapport des propositions allant dans le sens d’une meilleure protection de la faune sauvage et d’une réhabilitation des espèces dites « nuisibles ».
Or c’est tout l’inverse : les propositions du rapport Lang visent à aggraver les menaces sur les espèces sauvages ! Il s’agit notamment :
– de déroger au statut d’espèce protégée pour permettre la destruction des rapaces ;
– d’autoriser la destruction des nids et des œufs des oiseaux chassables, actuellement interdite ;
– de permettre le piégeage et la destruction des espèces classées « nuisibles » sur toute la France, au lieu de les limiter aux départements où ces espèces causent des dégâts ;
– et même de légaliser l’usage du poison pour le pigeon ramier, alors que les conséquences du poison en milieu naturel sont catastrophiques pour les espèces sauvages.
Si la faune sauvage peut poser à certaines activités humaines des problèmes ponctuels qu’il faut résoudre, elle joue aussi un rôle essentiel dans le fonctionnement des écosystèmes, rôle que le rapport occulte totalement. Ainsi, les prédateurs, grands consommateurs de petits rongeurs, sont de précieux alliés de l’agriculture. Répondre aux dégâts par la seule destruction n’est plus acceptable aujourd’hui, alors que des méthodes de prévention, non nocives pour la faune, existent et sont efficaces.
Pourtant, FNE, la LPO et la Ligue Roc avaient rencontré M. Lang et lui avaient fait des propositions précises pour une amélioration du statut des « nuisibles ». Mais le rapport n’en retient aucune ! M. Lang semble n’avoir entendu que les revendications des chasseurs et des piégeurs, qu’il reprend très largement.
Ce rapport traduit une vision rétrograde et partisane de la faune sauvage : il ne répond pas aux enjeux de la protection de la nature du XXIe siècle.
FNE, la LPO et la Ligue Roc appellent à une réhabilitation des espèces dites « nuisibles », qui passe par une réforme de leur réglementation, en phase avec les enjeux cruciaux de sauvegarde de la biodiversité et les attentes de la société.