Un rapport sur “les enjeux sanitaires de la prostitution” préconise mardi 18 décembre de porter une attention particulière aux mineurs et aux étrangers en situation irrégulière, et de mieux “approcher la face cachée de la prostitution” notamment sur Internet, à l’écart des actions de prévention. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), remis mardi à la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, prône aussi d’améliorer la connaissance des différentes formes de prostitution, dont “une part sans doute importante” reste “invisible et très mal connue”, et de développer les moyens confiés aux associations qui œuvrent auprès des prostitués.
Julien Emmanuelli, coauteur du rapport, a souligné la nécessité de mieux connaître la prostitution “indoor”, “qui se pratique à l’intérieur” (appartement, hôtel, bars, salons de massage) et qui recrute sa clientèle notamment par Internet. La prostitution “recouvre des réalités diverses”, mais le nombre total de prostitués est inconnu, remarque l’IGAS, les estimations allant de 20 000 ou 40 000 (Office central pour la répression de la traite des êtres humains) à 400 000 (Syndicat des travailleurs du sexe). Les seules données disponibles portent sur la prostitution de rue, qui concerne très largement “des femmes étrangères en situation irrégulière, vivant dans des conditions plus ou moins précaires”, ajoute l’IGAS.
BAISSE DES CRÉDITS AUX ASSOCIATIONS
Outre des risques inhérents à la prostitution (VIH/sida, hépatites, infections sexuellement transmissibles, ainsi que les violences), les prostituées de rue sont touchées par “les pathologies de la précarité” : problèmes respiratoires, addictions, troubles psychiques, etc. “L’isolement et la clandestinité apparaissent comme des facteurs d’aggravation des risques”, insiste le rapport. L’IGAS s’inquiète “tout particulièrement de la situation des jeunes mineurs qui se prostituent” et suggère le lancement d’une mission pour “apprécier l’ampleur et les caractéristiques du phénomène”, “largement occulté”.
Saluant le travail des associations en matière de prévention des risques, le rapport note “une très importante diminution des crédits” qui leur sont alloués, passés de 6,738 millions en 2006 à 2,215 millions en 2011. “Les interventions associatives méritent d’être confortées et élargies pour s’adapter aux diverses formes de prostitution”, insiste l’IGAS, qui note “les difficultés accrues pour accéder aux publics prostitués”, notamment en raison de la loi de 2003 qui a instauré le délit de racolage passif, poussant les prostituées à “se dissimuler”.
Najat Vallaud-Belkacem a reconnu “la nécessité de consolider le soutien aux associations” et de “simplifier l’accès à ces financements”. Reconnaissant que le délit de racolage passif était “fortement préjudiciable” aux prostitués, elle a rappelé que le gouvernement travaillait à un plan “global” sur la prostitution, portant sur “les questions pénales” et sur “les questions d’insertions sociale et professionnelle”.