Notre ami et camarade François Vercammen est décédé ce mardi 16 juin
François était malade depuis des années et, depuis quelques mois, soigné dans une institution. Il s’est éteint paisiblement, en présence de sa compagne, Leen, entouré de l’affection de ses proches.
La vie politique consciente de François a été entièrement consacrée à la lutte pour l’émancipation des exploité-e-s et des opprimé-e-s.
Né dans une famille de dockers anversois, François a été gagné très jeune au marxisme révolutionnaire et à la Quatrième Internationale. Par sa connaissance profonde de la classe ouvrière, sa grande culture historique et sa vision stratégique, il s’est rapidement imposé comme un dirigeant de premier plan, en Belgique d’abord, en Europe ensuite.
Au sein de la section belge, François s’est illustré notamment par une analyse fine de la force et des faiblesses du mouvement syndical, notamment de ce qu’il appelait « le réformisme oppositionnel » de la FGTB. Nombreux sont les syndicalistes qui ont bénéficié de ses éclairages, simples sans simplisme et pédagogiques sans paternalisme.
Au sein de la Quatrième Internationale, François a participé, avec Pierre Rousset, à la fondation à Amsterdam de l’Institut International de Recherche et de Formation, au sein duquel il a perfectionné sa connaissance de la révolution russe et de la pensée de Lénine, dont il était un grand admirateur.
Pendant ses dernières années actives, François a jeté toutes ses forces et son intelligence dans l’analyse du « proto-Etat despotique européen » et la construction de la Gauche AntiCapitaliste Européenne (GACE). Voyageant constamment d’un bout à l’autre du continent, il nouait des liens entre le PRC italien, le SSP écossais, l’Alliance rouge-verte du Danemark, le Bloc de Gauche portugais, la LCR française, notamment.
En 2005, François prit une part importante à l’organisation d’un colloque en hommage à son père spirituel, Ernest Mandel, dix ans après la mort de celui-ci.
Celles et ceux qui l’ont connu gardent la mémoire d’un homme chaleureux, prévenant, entièrement dévoué à la cause de l’émancipation, méprisant souverainement les honneurs ainsi que celles et ceux qui les recherchent.
François était un polémiste redoutable, intransigeant, mais qui, dans les débats, ne quittait jamais le terrain des idées et des principes auxquels il avait consacré sa vie.
Un hommage sera rendu le 3 juillet à Bruxelles, dans l’après-midi (l’heure n’est pas encore fixée), en la salle La Tentation, rue de Laeken 28. Nous reviendrons prochainement sur la vie de François, sur ce site.
Au nom de la LCR, nous exprimons nos très sincères condoléances à Leen et à la famille de François.
La lutte continue, et « Swa » reste dans nos cœurs.
Daniel Tanuro et Thomas Weyts
Décès de notre camarade François Vercammen
Nous venons d’apprendre le décès de notre camarade belge François Vercammen après une longue maladie. Agé de 69 ans François était un pillier de la LCR (Section belge de la IVe Internationale), mais aussi un des principaux dirigeants de la IVe Internationale. Pendant des années, et grâce à sa connaissance de plusieurs langues, il a suivi régulièrement les activités de ses différentes sections et notamment de la LCR française.
Fidèle compagnon de notre camarade, Ernest Mandel, économiste belge, mondialement reconnu, François a été l’auteur de nombreux livres et publications et s’est longtemps occupé de la formation à l’Ecole d’Amsterdam [1].
Il a suivi avec attention les débats dans la LCR jusqu’à la création du NPA et beaucoup se souvienne de ses capacités d’écoute, de sa gentillesse et de sa simplicité. Grandement ouvert à toutes les évolutions et aux débats, il n’en gardait pas moins toute la rigueur indispensable aux combats révolutionnaires.
Il était connu pour ses rires , sa joie de vivre et de militer quand il fut atteint, il y a peu d’années d’une attaque au cerveau qui allait rapidement le couper du monde.
Alain Krivine
François Vercammen, une génération militante
François Vercammen a été l’un de nos cadres issus de la radicalisation de la jeunesse dans les années 1960. Jouant un rôle important dans le renouveau de son organisation en Belgique, il s’est activement engagé au sein de la Quatrième Internationale dans la constitution d’une équipe de direction composée de militantes et militants appartenant à la même génération (tout en provenant de pays et de continents divers) – aux côtés d’« anciens » tels qu’Ernest Mandel, Livio Maitan ou Pierre Frank. Son principal champ d’activité a été l’Europe.
Il a largement puisé dans cette expérience européenne quand nous avons lancé ensemble l’Institut international de Recherche et de Formation (IIRF), à Amsterdam en 1982 (il y est resté jusqu’en 1985). A l’époque, deux sessions de formation de trois mois se tenaient chaque année dans le cadre de cet institut. Il ne s’agissait pas seulement de « transmettre » un « savoir », mais plutôt de réfléchir collectivement – avec les participantes et participants, comme avec les intervenantes et intervenants – aux leçons de l’histoire des combats sociaux et révolutionnaires. Singulièrement, ce fut l’occasion pour notre génération militante dans la QI de faire le point après quelque deux décennies d’engagements militants. Ainsi, d’une session à l’autre, les rapports s’enrichissaient des discussions menées avec des Européens, des Nord- et Latino-Américains, des Asiatiques ou des Africains, appartenant à un éventail d’organisations assez diverses, pas nécessairement membres de notre Internationale. Les « formateurs » se formaient eux-mêmes grâce à ces échanges pluriels [2].
Au-delà des questions ouest-européennes, François a ainsi repris, à l’IIRF, son travail de fond sur la révolution russe, le parti bolchevique et la pensée de Lénine. Nous nous rejoignions sur cette expérience majeure, charnière et fondatrice ; lui avec plus particulièrement en tête ses enseignements vus d’Europe – et moi, plus particulièrement vus d’Asie.
François prenait l’histoire très au sérieux et ne pensait pas que nous pouvions nous payer le luxe de faire du passé table rase – des organisations sans mémoire se désarment. Mais le passé devait aider à penser le présent, pas à s’en détourner. Chaleureux, François était humainement comme politiquement ouvert.
Pierre et Sally Rousset
Hommage à François Vercammen
Nous avons connu François Vercammen il y a plus de quarante ans. Peu de camarades et dirigeants de la Quatrième Internationale ont cumulé, autant que lui, immense culture, générosité, capacité d’écoute, de réflexion et de débats tournés vers l’action. Nous nous souviendrons de ses interventions, riches de la tradition et de l’accent mandeliens. Il était particulièrement préoccupé par nos retards sur les enjeux européens qui nous taraudaient, toujours à la recherche de propositions qui fassent émerger, notamment à cette échelle, l’intellectuel collectif dont nous avons besoin.
Il nous a manqué depuis déjà de longues années, quand la maladie s’est emparée de lui. Le courage et l’humour dont il a témoigné face à cette épreuve dramatique nous ont impressionnés.
Nous ne pourrons être à son hommage, mais nous serons par la pensée auprès de lui et de ses proches, notamment de sa compagne Leen que nous embrassons affecteusement.
Catherine et Hubert
Catherine Samary et Hubert Krivine