SolidaritéS (Suisse) salue chaleureusement le 17e Congrès de la LCR, dont les débats font largement écho aux préoccupations de notre prochain congrès de novembre 2008. En effet, après un quart de siècle de politiques néolibérales, de dérives autoritaires, guerrières et impériales des cercles capitalistes dominants, mais aussi de soumission de l’écrasante majorité des forces dites de gauche à un tel agenda, il apparaît plus que jamais nécessaire de construire un pôle politique anticapitaliste et anti-impérialiste à l’échelle européenne et au-delà.
De ce point de vue, la constitution de fronts uniques « antilibéraux », aussi importante soit-elle pour coaliser de larges forces sur le terrain des luttes sociales ou politiques contre telle ou telle mesure patronale ou gouvernementale, ne constitue pas une base suffisante pour la construction d’une force politique anticapitaliste unifiée. En effet, de telles convergences à caractère défensif véhiculent – comment en serait-il autrement ? – un grand nombre d’illusions quant à la possibilité de mener une autre politique sans rompre avec le capitalisme. Et lorsqu’elles s’efforcent de donner corps à un projet politique commun, la logique dominante de celui-ci est le plus souvent de se poser en « flanc gauche » du social-libéralisme, comme le fait aujourd’hui l’Arc-en-ciel italien, issu de la fusion du PRC avec le PdCI, les Verts et la Gauche des DS, qui soutient le gouvernement Prodi.
A l’opposé, le repli de la gauche anticapitaliste sur de petites organisations de cadres marxistes révolutionnaires ne répond pas aux besoins d’orientation et d’organisation politiques exprimés par des secteurs croissants des couches populaires et de la jeunesse, qui cherchent à rompre avec les logiques destructrices du capitalisme. Pour cela, nous devons nous efforcer de rassembler les forces qui s’accordent à placer au centre de leur intervention politique des revendications qui partent des besoins sociaux, mettent en cause les logiques du capital et appellent à la mobilisation sociale dans une optique internationaliste. Nous devons en même temps développer ensemble une propagande large en faveur d’un projet d’auto-émancipation sociale fondé sur la propriété et la gestion collectives des grands moyens de production, de distribution et de crédit, conditions nécessaires au développement d’une société socialiste démocratique.
La gauche anticapitaliste européenne, à laquelle la LCR et solidaritéS appartiennent – aux côtés du Bloc de gauche portugais, de l’Alliance rouge et verte danoise, de Respect et du SWP en Grande-Bretagne, etc. – doit être capable de rassembler les anticapitalistes et les révolutionnaires dans les mêmes organisations sur la base d’un projet de rupture avec l’ordre bourgeois : un projet anticapitaliste, féministe et écologiste, fondé sur l’auto- activité des exploités et des opprimés, femmes et hommes. Entre le repli sectaire et l’adaptation opportuniste, la voie est étroite. Elle implique un effort de renouvellement de notre réflexion et de notre travail politiques, de notre propagande, de nos formes et de nos pratiques organisationnelles, de nos moyens de communication, etc., ainsi qu’un renforcement de nos liens internationaux. Dans ce sens, les débats du 17e Congrès de la LCR sont utiles à la gauche anticapitaliste européenne dans son ensemble.
solidaritéS (Suisse),
le 23 janvier 2008