L’armée sri-lankaise a emporté, dimanche 17 mai 2009, une victoire militaire totale ou presque contre le dernier bastion des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoule. Elle a annoncé la mort du chef historique des LTTE, Vilupillai Prabhakaran, (qui reste à confirmer) et d’autres dirigeants du mouvement. Les porte-parole des Tigres dans la diaspora ont reconnu leur défaite militaire dans la bataille de Vanni. L’offensive militaire brutale et sans merci du gouvernement nationaliste chauvin cinghalais de Mahinda Rajapaksa est arrivée à son terme. Au prix d’un bain de sang dont les populations civiles tamoules dans la zone de guerre ont été les premières victimes
Alors même que la défaite des Tigres était devenue inéluctable et malgré de nombreux appels internationaux, le régime sri-lankais a refusé toute perspective de cessez-le-feu humanitaire en vue de porter secours à la population. Plusieurs mois durant, il a pilonné une zone où se trouvaient des dizaines de milliers de civils. Hôpitaux, écoles, habitations ont été bombardées. Les combats ont ainsi fait plus de 7000 morts et 15000 blessés. Au nom de la soi-disant « guerre contre le terrorisme », de nombreux Tamouls sont parqués et détenus de force dans des camps de détention.
Une victoire militaire ne saurait mettre fin à un conflit politique qui remonte à loin. Les minorités au Sri Lanka – en particulier les Tamouls – ont été opprimés linguistiquement, culturellement, politiquement et économiquement. Face à l’intransigeance du pouvoir cinghalais, les mouvements tamouls n’ont pas pu obtenir la reconnaissance des droits de leur communauté par des moyens pacifiques ; d’où l’émergence en dernier recours d’une lutte armée menée trois décennies durant. Même si l’on condamne l’usage par les LTTE d’attentats suicides, de la violence et de l’assassinat au sein du mouvement national tamoul ou à l’encontre de Tamouls musulmans, la responsabilité historique et présente du régime cinghalais s’avère écrasante.
La guerre contre les Tigres a aussi servi de prétexte au régime autoritaire de Rajapaksa pour limiter les libertés démocratiques de tous les citoyens. Le gouvernement a lancé ses escadrons de la mort contre les journalistes indépendants et les critiques de sa politique guerrière.
La lutte pour les libertés démocratiques dans l’île et, singulièrement, pour le respect des droits et de la culture tamouls, reste toujours d’actualité.
Toute paix durable exige la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple tamoul. L’autonomie doit être accordée aux régions à majorité non cingalaise et l’égalité entre les citoyens doit être garantie, seules garanties de paix et de démocratie dans un Etat multi-ethnique et multiculturel.