Un mouvement inédit
Au onzième jour de la grève interprofessionnelle démarrée le 12 octobre, il apparait clairement que ce mouvement cumule un certain nombre d’aspects qui lui donne un caractère inédit : sa durée, ses formes, le soutien massif de la population, la répression gouvernementale, la participation des lycéen-ne-s, … Une chose est sûre : c’est un affrontement central avec le Pouvoir et le patronat qui est en cours, et nous ne devons pas lâcher !
La grève dure
Onze jours de grève, c’est beaucoup, c’est épuisant, c’est très pénalisant financièrement, … mais c’est aussi la volonté de ne plus reculer, de continuer les efforts pour arracher la victoire. Dans les secteurs en pointe depuis près de 2 semaines, la situation n’est évidemment pas simple, mais la force collective et les entrées dans la lutte de nouvelles entreprises chaque jour sont des éléments décisifs.
Généraliser la grève
Depuis le début, la grève totale est reconduite dans certaines professions. Dans d’autres, notamment de nombreuses entreprises privées, il s’agit de débrayages quotidiens. Les salarié-e-s décident ensemble de la forme d’action collective la plus appropriée pour étendre le mouvement et le faire durer jusqu’à satisfaction, c’est-à-dire jusqu’à l’abandon de ce projet de loi sur les retraites. Bien sûr, partout où c’est possible, la grève totale doit être décidée, c’est le meilleur moyen de renforcer le mouvement. Pour l’Union syndicale Solidaires, il ne s’agit pas d’affaiblir la grève dans les secteurs où elle est reconduite depuis le 12, mais au contraire de travailler à sa poursuite, son extension, sa généralisation.
Un mouvement populaire
A quelques jours des vacances scolaires, les perturbations du trafic SNCF ou l’absence d’essence dans les pompes ne facilitent pas la vie de millions de personnes. Mais l’immense majorité de celles-ci comprennent que ce qui se joue en ce moment a des conséquences bien plus graves qu’une semaine de congés scolaires perturbée. Les nombreuses initiatives pour organiser une solidarité financière avec les grévistes sont un des signes de ce soutien.
Le gouvernement a recours à la répression
Grévistes, barrages, rassemblements, sont de plus en plus souvent agressés par des interventions policières. Des manifestations de lycéen-ne-s et aussi de salarié-e-s ont été dispersées violemment. Le gouvernement tente d’installer un climat de tension et de peur, dans l’espoir de déplacer le débat et de masquer le désaveu massif envers son projet de loi. Par ailleurs, sa volonté de court-circuiter tout débat le conduit maintenant à accélérer encore la procédure parlementaire.
L’Union syndicale Solidaires fait des propositions à l’intersyndicale
Lors de la réunion intersyndicale nationale de jeudi soir, nous avons proposé que 5 points soient mis en avant :
– Un soutien syndical national à la grève interprofessionnelle en cours, aux grévistes en lutte.
– Un appel national à renforcer et élargir cette grève.
– Une nouvelle journée nationale de manifestations en début de semaine prochaine.
– Une condamnation de la répression policière.
– Une réunion intersyndicale dès la semaine prochaine.
L’Union syndicale Solidaires n’a pas signé le communiqué adopté par 6 organisations. Nous considérons que la situation mérite une réponse plus offensive et rapide des organisations syndicales nationales. Nous appelons à poursuivre la lutte, dans l’unité comme c’est le cas depuis 11 jours dans la plupart des départements et dans de nombreuses entreprises.
Retraites : Gagner par notre détermination !
Six journées de mobilisation massive depuis début septembre, 70 % de la population soutenant ce mouvement et pensant que le projet de loi sur les retraites est profondément injuste, et malgré tout un gouvernement qui s’entête et refuse toute réouverture du dossier. La question des retraites devient maintenant une question démocratique. Refus de toute négociation, débat accéléré, à l’Assemblée nationale d’abord, au Sénat maintenant, pour faire voter le texte avant les vacances scolaires, le gouvernement et le président de la République ont choisi le passage en force.
Face à cet oukase, le mouvement actuel prend des formes inédites qui montrent une détermination intacte. Ces actions multiformes, allant des grèves reconductibles dans certains secteurs à des actions de blocage de dépôts de carburants, sont organisées partout de façon unitaire. Elles se combinent avec les fortes mobilisations d’une jeunesse qui refuse le destin sinistre que lui préparent les classes dominantes. Comme seule réponse, le gouvernement se cantonne dans le déni de la mobilisation sociale et accentue la répression.
Dans cette situation, l’intersyndicale a décidé d’appeler à deux nouvelles journées de mobilisation, le jeudi 28 octobre et le samedi 6 novembre. L’Union syndicale Solidaires aurait préféré une date plus rapprochée afin de ne pas laisser trop longtemps les salariés mobilisés au quotidien sans journée de centralisation nationale du mouvement. De plus, il est regrettable que le communiqué de l’intersyndicale ne soutienne pas nettement les actions décidées unitairement par les salariés à la base. C’est ce qui a amené Solidaires à ne pas signer le communiqué des autres organisations.
Pour autant, les mobilisations nationales unitaires sont des moments indispensables dans la construction et la consolidation du rapport de force face au gouvernement.
C’est pourquoi Solidaires appelle à amplifier la mobilisation : élargir les grèves et les débrayages, renforcer les initiatives locales quotidiennes, se mobiliser massivement le 28 octobre et le 6 novembre.
Solidaires engage ses adhérents et militants à participer activement à la construction unitaire de ces journées. Le gouvernement veut nous user. Unis et déterminés, nous pouvons l’emporter !
Le 22 octobre 2010
Retraites - Caisse de solidarité financière en faveur des grévistes
Pour répondre aux nombreuses demandes de solidarité financière en direction des grévistes, le soutien peut être adressé à l’ordre de Solidaires qui s’engage à rendre publiques les sommes récoltées et leur affectation.
Envoyez vos chèques à l’ordre de l’Union syndicale Solidaires
(en précisant « Solidarité grévistes retraites » au dos)
à l’adresse suivante :
UNION SYNDICALE SOLIDAIRES
144 BOULEVARD DE LA VILLETTE - 75 019 Paris
22 octobre 2010