Le CTUWS* lance un appel à toutes les forces démocratiques, aux syndicalistes et responsables syndicaux du monde entier, aux défenseurs des droits de l’Homme, ainsi qu’à tous ceux qui se battent pour la liberté et la justice sociale, à exprimer leur solidarité avec les travailleurs des chantiers navals qui sont accusés par le tribunal militaire d’Alexandrie (procès numéro 2759 de l’années 2016).
Tous ensemble exigeons la libération immédiate des travailleurs en détention provisoire !
Les travailleurs des chantiers navals ont organisé une mobilisation pacifique les 22 et 23 mai dernier, après que la direction de l’entreprise ait refusé de négocier avec eux et ignoré leurs revendications.
L’entreprise a été fermée et la justice militaire les a convoqués pour les interroger. Quinze salariés s’étant présentés volontairement à cet interrogatoire ont eu la surprise de se retrouver arrêtés, à l’exception d’une femme qui a été relâchée sous caution.
Un mandat d’amener a été également lancé contre 11 autres salariés.
Le procureur militaire d’Alexandrie a décidé de faire comparaître devant le tribunal militaire les 26 salariés accusés dans le procès numéro 2579. Les motifs retenus sont relatifs aux articles 1, 2, 3/124 et 1, 4/a/124 du Code pénal. Ceci, parce qu’en tant « qu’employés publics de l’arsenal d’Alexandrie » - qui fait partie des industries et services navals du ministère de la Défense - ils sont accusés d’avoir « poussé les travailleurs de différents secteurs de l’entreprise à cesser le travail ainsi qu’avoir appelé à des rassemblements et organisé une mobilisation à l’intérieur de l’entreprise visant à bloquer la production et semer le désordre. »
D’audience en audience, le prononcé du jugement a été reporté plusieurs fois, et les travailleurs sont maintenant détenus depuis presque quatre mois. Ils devraient l’être un cinquième mois car la date du prononcé du jugement a maintenant été été fixée au 18 octobre prochain.
Les travailleurs emprisonnés et leurs familles n’ont pas d’autres revenus que leurs salaires et n’ont pas perçu ceux-ci depuis quatre mois.
Travailleurs derrière les barreaux, et travailleurs condamnés à se cacher...
Familles et enfants ne disposant pas de quoi satisfaire leurs besoins vitaux...
Enfants punis alors qu’ils n’ont rien fait de mal, et travailleurs n’étant coupables de rien d’autre que d’avoir exercé leur droit constitutionnel à participer à des rassemblements pacifiques.
Le CTUWS demande la libération immédiate des travailleurs emprisonnés dans le cadre du procès devant le tribunal militaire (numéro 2759 de l’année 2016).
Nous demandons à tous de manifester leur solidarité avec leurs familles et leurs enfants.
Faites leur entendre votre voix en solidarité et tendez-leur la main !
Traduction de l’anglais par Alain Baron, révisée depuis l’arabe par Rafik Khalfaoui.
Note sur le CTUWS (rédigée à l’automne 2011)
Le Centre de services pour les syndicats et les travailleurs, en anglais CTUWS (1), a été fondé en 1990 dans la banlieue du Caire par Kamal Abbas et l’avocat Youssef Darwiche (2). Son but est notamment de défendre des droits syndicaux et sociaux, de former des syndicalistes et d’affirmer le besoin d’un mouvement syndical indépendant. Le Centre a progressivement étendu ses interventions sur d’autres villes, malgré de nombreuses difficultés, dont une interdiction entre avril 2007 et juillet 2008.
Ces dernières années, le CTUWS a été très impliqué dans le soutien aux luttes, et en particulier à celles ayant eu lieu dans le textile et les impôts fonciers. Dans le cadre de la révolution actuelle, le CTUWS est fortement engagé dans l’aide à la création de syndicats indépendants.
Le CTUWS bénéficie de longue date du soutien de l’ONG Oxfam (3). Il a établi des liens avec la Confédération syndicale internationale (CSI), des organisations affiliées à la Confédération européenne des syndicats (CES), ainsi que l’AFL- CIO. Il est également en relations avec le réseau euromaghrébin auquel participent notamment le SNAPAP (Algérie), la CGT d’Espagne et l’Union syndicale Solidaires (France). (4)
Le CTUWS agit depuis plusieurs années en direction de l’Organisation internationale du travail (OIT), notamment lors de son assemblée annuelle à Genève.
1. www.ctuws.com
2. Youssef Darwiche, avocat du travail avait été un des animateurs du groupe communiste New Dawn (Nouvelle aube) après la deuxième guerre mondiale. http://weekly.ahram.org.eg/2004/719/profile.htm et http://weekly.ahram.org.eg/2006/799/eg43.htm
3.www.oxfam.org.uk/resources/downloads/FP2P/FP2P_Egypt_CTUWS_trade_unio _CS_ENGLISH.pdf
4. www.europe-solidaire.org/spip.php?article19863
Source de cette note, qui est suivie d’une interview de Kamal Abbas :
Revue internationale de Solidaires (automne 2011) pp 59-61 https://www.solidaires.org/Solidaires-International-revue-no7-novembre-2011