Pas du tout d’accord avec François Iselin
Une lettre de Claude Kaiser
Le 14 janvier 2007
Pas du tout d’accord avec François Iselin.
1°) Je ne suis pas promoteur mais j’affirme, puisqu’il y en a à côté de chez moi, que les éoliennes :
– sont belles et ne gâchent pas le paysage (c’est l’avis de la grande majorité)
– ne font pas ou très peu de bruit. d’ailleurs, les plus proches sont à 1km des habitations ; il est impossible de les entendre à plus de 300 m
– ne tuent pas les oiseaux. En 1 an d’implantation, les gens de la LPO ont retrouvé 0 oiseaux morts. Et on les voit fréquemment passer au travers des pales en mouvement.
– La faune n’est pas gênée : sangliers et chevreuils se promènent au pied des éoliennes.
– ici, personne n’a été forcé : 99% de la population était favorable. Une enquête publique a recueilli 2 avis « contre » et 367 avis « pour ».
– Une étude avifaunistique d’un an a été menée et plusieurs éoliennes déplacées pour respecter des sites potentiels de nichage et des chauve-souris alors même qu’on constate aujourd’hui que ça ne les dérange pas le moins du monde
Les éoliennes occupent chacune 4 ares au sol (quasiment rien) et les chemins d’accès ne sont pas goudronnés. Ils ont par contre été remis en état.
2°) Que l’éolien soit une énergie nouvelle ou pas ne change rien à son utilité.
Ensuite, bien sûr que l’éolien n’est pas « la » solution. personne ne dit cela. Il en fait partie au même titre que le solaire, la biomasse, la microhydraulique, la cogénération, les économies d’énergie et j’en passe.
Mais à quel titre devrait-on le rejeter plus que les autres énergies renouvelables ?
Avec la combinaison de ces techniques non polluantes, la preuve est faite aujourd’hui qu’on produit plus de courant qu’avec le nucléaire. (Etude des 7 vents du Cotentin publiée par le Réseau Sortir du Nucléaire)
3°) Oui l’éolien crée des emplois et des emplois décentralisés : c’est indiscutable. (une centrale nucléaire par région, plein de petites fermes éoliennes à construire et à entretenir un peu partout sur le territoire)
Enfin : le soleil et le vent sont des énergies propres et inépuisables. le nucléaire est une énergie fossile (il n’y aura plus d’uranium dans 50 ans) et dégueulasse, potentiellement et massivement destructrice pour l’humanité.
Entre les 2 il n’y a pas photo. L’inconvénient très subjectif de l’esthétique n’ a pas de poids face à l’horreur atomique et à l’effet de serre produit par les autres fossiles.
Enfin, que ce soient des capitalistes qui développent l’éolien : évidemment !
On n’a pas encore fait la révolution à ce que je sache.
Notre combat : c’est l’appropriation collective des grands oiseaux blancs et la gratuité de l’énergie pour tous.javascript:barre_raccourci(’’,’’,document.formulaire.texte)
Surement pas l’arrêt des éoliennes.
Claude
Garder l’esprit critique
Une réponse de François Iselin
Le 17 janvier 2007
Bonjour Claude
« Tout se passe comme si le développement
des éoliennes promu par l’Etat servait d’alibi
écologique à une politique énergétique inca-
pable de réduire la consommation », Hervé Kempf, Le Monde, 11 janvier 2007 [1]
Je lutte depuis bien longtemps pour la généralisation de l’exploitation des énergies renouvelables. En ce qui concerne le solaire j’ai développé des fours solaires pour la cuisson des aliments, du pain et du soja en Haïti en 1977. J’utilise ce four en France pendant les vacances d’été. J’ai expérimenté le solaire thermique il y a 35 ans ! J’équipe ma maison en photovoltaïque (22m2 soit 2’500kWh). J’ai passablement écrit d’articles d’information et de promotion du solaire que je peux t’envoyer.
Ceci pour te dire que n’ai aucun intérêt à remettre en cause le recours aux ressources éoliennes. J’ai d’ailleurs souvent habité en Amérique du Sud entre deux éoliennes l’une pour la lumière, l’autre pour le pompage de l’eau… et elles étaient aussi bruyante l’une que l’autre !
Si j’ai réagi contre le marché des éoliennes c’est qu’en tant que militant révolutionnaire, je pense que nous devons garder notre esprit critique face aux offensives productivistes et ne pas nous laisser tromper par des arguments faussement écologistes. L’écologie est utilisé comme argument publicitaire pour faire passer les projets les plus aberrants. De tels erreurs de jugement nous conduiraient à soutenir le nucléaire censé réduire les émissions de gaz à effet de serre ! Nous devons à tout prix éviter le suivre aveuglément la gadgétisation énergétique que nous offre le capitalisme pour son seul profit et élaborer un proposer une projet énergétique au service des êtres humains et de la nature.
Le productivisme capitaliste nous a trompé sur sa gestion des énergies et continue à le faire. Il n’y a actuellement plus de solutions « innovantes » qui soient à la fois favorables au profit privé, au bien commun et à l’environnement. C’est pourquoi les petites éoliennes de proximité, les installations solaires individuelles, les économies d’énergies, etc. ont si peu de succès commercial alors que leur mise en œuvre couvrirait largement la production des fermes éoliennes et de plus pourraient être gérées par les propres bénéficiaires. Voici la maîtrise collective et démocratique de l’énergie que nous devrions revendiquer.
Je n’ai rien contre les « grands oiseaux » si les populations les acceptent, si le prix de leur énergie, de leur entretien et de leur remplacement reste acceptable à long terme, si elles contribuent à réduire le gaspillage croissant d’énergie fossile et bloquer définitivement le recours au nucléaire. Or aucune de ces conditions ne nous sont garanties. Plus grave, ces solutions alibi endorment davantage encore la prise de conscience écologique par la grande majorité qui croit ainsi que l’Economie et l’Etat s’orientent enfin vers leur « développement durable » !
Entre l’envoi de mon article et ta réponse, Le Monde (11 janvier 2007) [1] a publié deux pages sur la question : « Les batailles du vent » par Hervé Kempf. Ses conclusions rejoignent les miennes, ce qui ne veut pas dire que Le Monde ou moi-même ayons raison pour autant. Tes arguments en faveur des fermes éoliennes se défendent et méritent réflexions. Ce que je regrette c’est que nous ne réfléchissions pas suffisamment alors que la crise énergétique et climatique qui s’annonce frappe à la porte et ceci avec avec plus en plus d’insistance.
Voilà je reste à ta disposition pour débattre et t’envoyer des informations si tu le désires.
Amitié François
[1] Sur le site d’ESSF : Les batailles du vent