On va assister au transfert des personnels de la SNCF vers les sociétés anonymes. Il y a donc une inquiétude très forte quant à l’avenir professionnel des cheminots. Les collègues ne savent pas ce qu’ils vont devenir dans quelques mois. Il y a des suppressions de postes qui s’accélèrent, la suppression d’opérations importantes qui existent depuis la création du chemin de fer. C’est le cas en particulier des instructions de départ, les agents qui donnent le coup de sifflet sur le quai. C’est une opération de sécurité très importante qui fait partie de la matrice de la SNCF : le fait qu’il y ait des boucles de rattrapages, qu’il n’y a pas que le conducteur qui décide si le train part ou ne part pas ; il y a d’autres opérateurs qui informent ou confirment si le train part ou doit rester.
Il y a des inquiétudes très fortes dans l’entreprise, qui se traduisent par un stress important au niveau des cheminots, une grande souffrance au travail. Depuis le début de l’année, on doit être à 18 suicides de collègues. La direction ne veut pas reconnaitre que c’est lié à l’évolution de l’entreprise. En Aquitaine, celle-ci a dû renoncer à l’évolution de la boîte car le chef d’établissement a fait état de risques psychosociaux importants auprès des agents et ça leur a mis la trouille. Il n’y a que ça qui les freine pour l’instant.
D’ici quelques mois, ce sera la fin de la SNCF telle qu’on l’a connue, ça parachève un processus en cours depuis plusieurs années.
La mobilisation d’aujourd’hui était importante car il fallait revenir sur la lutte du printemps dernier, expliquer que la convention collective du secteur ferroviaire n’est pas achevée, qu’elle est en cours de négociation et qu’on peut peser. Actuellement, celle-ci se fait dans une période de recul suite à l’échec de la grève du printemps dernier, dans laquelle le calendrier de grève deux jours sur cinq n’a pas permis de gagner et nous a plus épuisés qu’autre chose, et que la mobilisation n’est pas parvenue à déborder.
Les syndicats reprennent aujourd’hui enfin en charge la question de la souffrance au travail et des suicides pour expliquer la nécessité de lutter.
La mobilisation d’aujourd’hui est un petit succès. Pas mal de collègues étaient dans la rue et il y avait un nombre correct de grévistes dans certains endroits. Ceux-ci ont souvent profité de la journée d’aujourd’hui pour lutter contre des réorganisations locales. Et c’est sans doute ce chemin qu’il faut suivre : faire converger les batailles locales pour reprendre la lutte globale contre la casse de la Sncf et du statut de cheminot.
Correspondant