Pour annuler un mariage, le tribunal de grande instance de Lille s’est appuyé sur une interprétation tout à fait inhabituelle (au point d’en être unique) du code civile français, assimilant la virginité à une « qualité essentielle » de la personne. Chacun sent que cette décision rétrograde a été facilitée par le fait que les deux époux étaient musulmans. [1]
Dans d’autres pays européens (Allemagne, Italie…), des juges ont été plus loin : ils se sont refusé à appliquer les lois en vigueur dans leurs pays au nom des coutumes supposées propres à la communauté culturelle ou religieuse des personnes en cause. En Angleterre, un évêque a proposé – invoquant bien entendu des valeurs progressistes de solidarité – que les lois britanniques ne soient pas « imposées » à des familles originaires de pays musulmans.
Mais de quoi parle-t-on ? On imagine mal notre évêque et nos magistrats accepter, au nom d’une interprétation littérale de la sharia coranique, que la main des voleurs soit coupée, que des condamnés soient fouettés, voire lapidés sur la place publique jusqu’à ce que mort s’en suive. Dans tous les cas évoqués, il s’agit des relations familiales – entre époux, entre parents et enfants. Ou, plus précisément, des rapports de subordination des femmes et des filles.
En ce domaine et en ce domaine seulement, les lois nationales qui assurent l’égalité des droits entre sexe et la protection des femmes ou des filles pourraient ne pas être appliquée. Quelle coïncidence ! Comme si ces droits n’étaient pas, aux yeux de nos réformateurs, une « qualité essentielle » à défendre becs et ongles.
Notes