(Rome, le 3 juin 2008) Alors que la FAO s’attend désormais à ce que la faim
touche 100 millions de personnes supplémentaires d’ici la fin de l’année,
les chefs d’Etat et dirigeants du monde entier sont réunis à Rome pour la
« Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire : les défis du
changement climatique et des biocarburants » organisée par la FAO.
Le mouvement international de paysans Via Campesina se réjouit de ce soudain
intérêt porté à l’alimentation et à la production agricole, mais rappelle
aux gouvernements et aux institutions internationales que les crises
climatique et alimentaire actuelles ne sont elles pas le résultat d’une
catastrophe naturelle soudaine. Elles sont le fruit de décennies de
politiques de libéralisation commerciale et d’intégration verticale des
activités de production, de transformation et de distribution au sein des
agro-industries.
C’est pourquoi, les gouvernements doivent aujourd’hui prendre toutes leurs
responsabilités quant à ces crises et mettre en ouvre des actions
déterminées pour les résoudre.
Même si elles produisent des aliments, la plupart des familles de paysans
souffrent elles aussi de la hausse actuelle des prix de l’alimentation, aux
côtés des travailleurs urbains. La plupart d’entre elles ne possèdent pas la
terre qu’elles cultivent, produisent pour l’exportation ou doivent
rembourser des dettes, si bien qu’elles peuvent être considérées comme des
salariés agricoles.
Depuis des décennies, les pays ont été forcés d’ouvrir leurs marchés et d’importer
des aliments. Ils ont perdu leur capacité à se nourrir eux-mêmes, les
rendant excessivement vulnérables aux prix du marché mondial. Ceci contribue
à expliquer les récentes émeutes de la faim dans différentes parties du
monde.
A la faveur du principe de « libre-échange », l’alimentation est considérée
aujourd’hui comme une marchandise semblable aux autres, sujette à la
recherche de profit et aux spéculations financières. Les actuelles hausses
des prix peuvent ainsi être reliées à la spéculation orchestrée par les
négociants et investisseurs majeurs puisque la production alimentaire est
désormais en concurrence avec celle destinée aux agro-carburants, aggravant
d’autant la crise, comme le fait le changement climatique.
De plus, les gouvernements ont démantelé les politiques agraires qui
bénéficient aux productions alimentaires et ont soutenu les transnationales
productrices de semences, de pesticides, de fertilisants et d’aliments,
renforçant ainsi le contrôle de ces dernières sur la chaîne alimentaire. Le
développement de l’agriculture industrielle a détruit l’environnement,
encouragé la sur-exploitation des sols et contribué largement au
réchauffement planétaire (en étant à l’origine de 17,4 à 32 % des émissions
de gaz à effet de serre). Parallèlement, les producteurs familiaux ont été
évincés de leurs terres et poussés vers la pauvreté. Forts de ces
expériences, les paysans et petits producteurs familiaux rejettent dès lors
les promesses de la « Nouvelle révolution verte » et des prétendues semences
« miracles » que sont les OGM.
Les petits producteurs et paysans familiaux réunis au sein de La Via
Campesina déplore que la participation de la société civile à la Conférence
de haut niveau de la FAO soit déniée. Ils rappellent aux chefs d’Etat qu’il
est temps que les gouvernements se concentre sur une production alimentaire
durable à petite échelle et sur les marchés locaux. Ces choix permettront
une régénération des sols, une économie de carburant et une réduction du
réchauffement planétaire. Ils donneront également des emplois à des millions
de paysans, de pêcheurs, de pastoralistes et de tous ceux qui contribuent à
nourrir le monde.
Notes pour les media
Les paysans de la Via Campesina, venus du monde entier (Mexique, Espagne,
Indonésie, Togo, Mali, Etats-Unis, Brésil, France, Corée du Sud, Paraguay,
Nicaragua et Argentine) et présents à Rome sont prêts à répondre aux
demandes d’interviews.
Intervenants à la Conférence de presse du 3 juin à Rome :
– Guy Kastler, Confédération Paysanne, Via Campesina
– Le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de
l’Ouest (ROPPA)
– Yoon Geum Soon, Association de paysannes coréennes, Via Campesina
Les paysans et leurs alliés organisent une cérémonie symbolique au Temple
romain de Cérès, déesse des moissons. Pour plus d’informations sur le mythe
de Cérès, merci de consulter le document en annexe.
Plus d’informations sur www.viacampesina.org
Vidéos sur http://wsftv.net/
Contacts presse :
Manu Rousso : ++ 39-3490068499
Isabelle Delforge : ++ 39 3491610296
Le Forum de la Société Civile appelle à repenser le système alimentaire
NE REPETONS PAS LES ECHECS HABITUELS
Voir les vidéos sur http://wsftv.net/
Rome, 1er juin 2008. A l’aube de la Conférence de Haut Niveau sur la
Sécurité Alimentaire Mondiale, les paysans, les pêcheurs, les peuples
autochtones et les organisations non-gouvernementales (ONG) ont déclaré
l’état d’urgence populaire.
"Les Gouvernements et les organisations intergouvernementales doivent
immédiatement mettre fin à toutes les politiques qui conduisent à des
violations du droit à l’alimentation des hommes et des femmes", a déclaré
Maryam Rahmanian de l’organisation iranienne, CENESTA.
"Au fil du temps, les politiques de libre-échange ont sérieusement
endommagé le système alimentaire, conduisant à la crise actuelle."
Parallèlement à la conférence officielle, les organisations de la société
civile ont organisé un forum de cinq jours afin de faire entendre leurs
voix et leurs propositions pour sortir de la crise.
Dans leur déclaration « Ne répétons pas les échecs habituels », 800
organisations de part le monde ont appelé à un changement radical des
politiques agricoles pour qu’elles soient fondées sur la capacité des
petits paysans et paysannes à se nourrir et à nourrir les populations de
leurs pays.
"Nous voyons l’urgence alimentaire comme le symptôme d’un échec plus
profond de l’ensemble du système - expulsion de communautés locales,
commerce dérégulé, changement climatique de grande ampleur, promotion de
la production à grande échelle des agrocarburants, spéculation et main
mise des multinationales sur le système alimentaire", explique Ndougou
Fall du ROPPA, réseau des organisations paysannes de l’Afrique de l’Ouest.
"Le risque est grand de voir l’ordre du jour des Nations Unies kidnappé
par les grandes entreprises qui veulent nous faire avaler les mêmes
solutions que celles qui ont échouées depuis des décennies, comme la
« nouvelle révolution verte » en Afrique.« »Nous rejetons l’appel de le Banque mondiale et de l’Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) à libéraliser encore plus le commerce international",
ajoute Alberto Gomez, membre mexicain du mouvement international paysan La
Via Campesina. "Ces politiques ont submergé nos pays de nourriture bon
marché, elles ont mis à mal notre souveraineté alimentaire et dévasté nos
capacités à produire de la nourriture pour nous-mêmes. Cela nous a conduit
à une dépendance totale envers les marchés internationaux. Maintenant que
les prix s’envolent, nous ne pouvons plus acheter d’aliments à
l’extérieur."
Thomas Kocherry, membre indien du Forum Mondial des Peuples Pêcheurs
explique que le modèle industriel de production alimentaire a également
transformé la pêche. "L’aquaculture commerciale à grande échelle menace
dangereusement d ’anéantir la pêche mondiale« , affirme-t-il. »Les petits
pêcheurs ne mettent pas seulement du poisson dans notre assiette, ils
augmentent le niveau des stocks de poissons et protègent les écosystèmes
qui eux, nous protègent des catastrophes."
"Nous appelons les gouvernements qui se réunissent à Rome dans les
prochains jours à respecter leurs obligations vis-à-vis des droits de
l’homme et à écouter les propositions des populations car elles sont
directement touchées", conclut Sarojeni Rengam, du réseau d’actions Asie
Pacifique contre les pesticides. "Les paysans sont également des experts
en agriculture et ils doivent pouvoir être aux commandes du développement
agricole. Les paysans et les paysannes ont le futur dans leurs mains."
Contacts : Beatrice Gasco (IPC) : ++39-349-8466103
et Isabelle Delforge (La Vía Campesina) : ++39-391610296
Voir la déclaration de la société civile en anglais, espagnol et français
sur : www.foodsovereignty.org/new/