PORT-LEUCATE (Aude), 23 août 2008 (AFP) - « C’est un beau succès, une étape est franchie dans la construction du Nouveau parti anticapitaliste », se réjouit samedi Alain Krivine à l’université d’été de la LCR, parti qu’il a fondé il y a 40 ans et qui va se dissoudre dans quelques mois dans une formation élargie. « Je ne reconnais plus tout le monde, on me donne du vous, on m’appelle Monsieur ! », s’exclame le leader trotskiste, « ravi » de voir qu’une bonne partie – environ 40% – des 1.350 participants à ce rendez-vous estival ne sont pas des militants LCR, mais attirés par le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui doit voir le jour fin janvier 2009. « Le saut n’est pas seulement numérique, mais qualitatif », souligne M. Krivine, « les participants viennent d’une autre culture, pour beaucoup ce sont des jeunes des banlieues ».
« Cette université d’été est un gros succès », se targue aussi Olivier Besancenot, dont la popularité croissante selon les sondages est un atout majeur pour le nouveau parti. Le postier âgé de 34 ans multiplie les interviews aux journalistes- venus nombreux cette année : « Il y a deux échéances majeures pour nous : le lancement du NPA en janvier 2009 et les élections européennes en juin », explique-t-il à l’AFP. « Sur les européennes, la discussion ne fait que débuter », mais selon lui, « le nouveau parti a intérêt à présenter une liste » sous son propre nom, nom qui d’ailleurs n’a pas encore été choisi, NPA servant de sigle provisoire.
La construction du nouveau parti s’appuie sur les campagnes que la LCR entend mener à la rentrée : « Nous creusons le même sillon : continuer à paraître comme les opposants les plus efficaces à la politique de Nicolas Sarkozy et du Medef », et « faire apparaître une alternative politique crédible au gouvernement », dit-il, alors que le PS, aux yeux de l’organisation d’extrême gauche, se perd dans les méandres des débats parlementaires.
Pour la LCR, c’est dans la rue que ça se passe, notamment sur la guerre en Afghanistan : « Nous proposons à toute la gauche de se voir au plus tôt pour organiser une manifestation et réclamer le retrait des troupes françaises d’Afghanistan », a lancé M. Besancenot, alors que selon un dernier sondage une majorité de Français (55%) est favorable à ce retrait. L’ex-candidat à la présidentielle prévoit une rentrée chaude : « La possibilité est réunie pour qu’objectivement on puisse remporter des victoires sociales » dit-il, rappelant « l’exaspération sociale », les licenciements « en cascade » alors que « les marges de manœuvre du gouvernement ont fondu ». Il est persuadé que « les quatre prochaines années ne seront pas un long fleuve tranquille ».
C’est après le résultat honorable (4,08%) du postier à la présidentielle de 2007 que la formation trotskiste a décidé de fonder un nouveau parti. Le risque est qu’il devienne un ersatz de la LCR tant ses responsables et ses militants aguerris dominent théoriquement et politiquement « les anonymes » qu’ils ont attirés, en dehors de certains syndicalistes et anciens communistes. « Mais la LCR ne nous étouffera pas, on est assez grande gueule », plaisante Abdel, du comité NPA d’Avignon. « Dans les banlieues, les théories ne suffisent pas, il faut passer à l’action », propose-t-il. Mais d’ici la fin de l’université d’été mardi, les participants devront tout de même plancher sur les théories de Marx, Engels et l’histoire du mouvement ouvrier. « Nous ne cachons pas nos origines », dit fièrement Alain Krivine.